ANFORM REUNION N41

© ISTOCKPHOTO 16 anform ! • octobre - novembre 2017 d'autres simplement les canna- binoïdes de synthèse (comme à NewYork). Quant aux malades, ils doivent parfois disposer d'autori- sations nominatives très contrai- gnantes... DÉPENDANCE Car malgré ses effets bénéfiques, le cannabis reste une drogue. Pas de celles dont on peut faire une over- dose, mais de celles qui, à doses régulières, minent la santé psy- chique des usagers. Contrairement à sa réputation, elle génère une certaine addiction. Selon le neu- robiologiste Pier-Vincenzo Piazza, directeur du Neurocentre Magendie de l’Inserm à Bordeaux, “9 % des personnes qui prennent du canna- bis une fois vont sentir le besoin de recommencer”. La dépendance est donc beaucoup plus faible que celle générée par la nicotine. Ils sont 32% à ressentir une addiction dès le premier essai. Mais pour le scientifique, le danger du canna- bis est ailleurs. “ On devrait plus se méfier du cannabis. C'est une drogue qui rend tellement zen que les consommateurs ne s’inté- ressent plus à rien. Elle conduit à un syndrome de démotivation chro- nique particulièrement nocif chez les jeunes.” En plus, elle nuit aux neurones. En 2012, une enquête menée sur plus d'un millier de jeunes Néo-Zélandais par Madeline Meier de l'université de Duke (États- Unis) concluait que les personnes ayant régulièrement consommé du cannabis à l'adolescence avaient perdu en moyenne huit points de quotient intellectuel (QI). Et sa nocivité ne s'arrête pas là. Depuis 2007, plusieurs études suggèrent que la consommation de cannabis facilite l'apparition de la schizo- phrénie, une maladie mentale qui se manifeste par des hallucinations (le plus souvent, le malade entend des voix), un sentiment de persé- cution et de manipulation. Prévenir les effets nocifs du cannabis chez les personnes saines, mais tirer parti de ses effets bénéfiques sur les malades, voilà donc la difficile équation que doivent résoudre les législateurs actuellement. On com- prend dès lors pourquoi la cause du cannabis médical avance très dou- cement en France. ••• “Prévenir les effets nocifs du cannabis chez les personnes saines, mais tirer parti de ses effets bénéfiques sur les malades, voilà donc la difficile équation que doivent résoudre les législateurs actuellement.”

RkJQdWJsaXNoZXIy MTE3NjQw