ANFORM MARTINIQUE N98

56 anform ! • septembre - octobre 2021 exposition aux ondes. Hélène (qui a préféré modifier son iden- tité pour témoigner) se sent “mal jugée” lorsque, par exemple, elle demande à ses amis de laisser les téléphones dans la voiture. Il y a 2 ans, cette habitante de la Grande-Terre, a commencé à avoir des maux de tête, des sensations de brûlure. “À l’usage, je me suis rendu compte que l’utilisation de l’ordinateur et du téléphone m’indisposait.” Hélène s’est alors équipée de vêtements anti-ondes, qu’elle n’utilise plus depuis. “Désormais, je maîtrise mieux les gênes et j’évite les antennes- relais. Je téléphone en utilisant le haut-parleur et si j’ai des crises, je m’isole chez moi.” SEUILS LIMITES Selon l’enquête de l’Anses, “les expositions aux champs élec- tromagnétiques (…) sont très hétérogènes” avec, d’une part, “les ondes radiofréquences” , autrement dit le téléphone mobile, le wifi, les antennes-relais, et “ les extrême- ment basses fréquences, lignes pathologie vasculaire qui entraîne “des douleurs et des paresthésies (des picotements et engourdisse- ments liés à l’AVC, Ndlr)”, et non les ondes. AUCUNE PREUVE Si l’Agence nationale de la sécurité sanitaire (Anses) reconnaît “les douleurs et la souffrance” comme une “réalité vécue”, elle conclut dans son étude publiée en 2018* qu’ “aucune preuve expérimentale solide ne permet actuellement d’établir un lien de causalité́ entre l’exposition aux champs électromagnétiques et les symp- tômes décrits par les personnes se déclarant EHS”. Des conclusions difficiles à admettre pour Miche- line, l’épouse de Joseph. “On reste dans l’inconnu et puis on n’est pas compris par les médecins.” “On nous parle trop souvent de l’effet nocebo” , regrette Mahité Le Correler qui explique avoir souffert d’électro- hypersensibilité pendant plusieurs années. À l’inverse du placebo, l’effet nocebo serait causé par la suggestion ou la crainte d’une et installations électriques, dont les modes d’interactions avec le corps humain sont cepen- dant très différents” . Et pour le comprendre, un petit rappel de physique s’impose ! L’inten- sité du champ magnétique se mesure en ampère par mètre ou plus communément en tesla µT. Pour le champ électrique, on quantifie en volt par mètre. “La caractéristique d’un champ électromagnétique se fait par sa fréquence ou la longueur d’onde de son rayonnement”, explique un rapport parlementaire de 2010, provoquant plusieurs effets : des rayonnements ionisants ou non ionisants, des effets thermiques, ou non thermiques, comme ce qui se passe dans un micro-ondes, où les molécules d’eau soumises à un champ électrique haute fréquence se mettent à bouger et donc à chauffer. Les seuils limites d’expo- sition sont donc définis en fonction de la fréquence, de la valeur du champ et de sa puissance. MARCHER PIEDS NUS Jean-Louis Pépin vérifie réguliè- rement ces données. Il intervient chez les particuliers en tant que conseiller en environnement élec- tromagnétique en Guadeloupe, et propose des expertises. “Quasi- ment neuf fois sur dix, la pollution des ondes vient de l’intérieur du foyer, à cause du cumul des appa- reils. Pour les allergiques, c’est très compliqué. Alors, avant d’en arriver là, il y a des principes de ••• © SHUTTERSTOCK

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