ANFORM MARTINIQUE N98
10 anform ! • septembre - octobre 2021 D’autant que lorsqu’on fait du sport, l’organisme réclame une alimentation plus saine. Mon hygiène de vie a tou- jours été plus intuitive qu’encadrée par un entraîneur. Aujourd’hui, j’essaie de faire au mieux. Je me lève tôt, j’essaie de ne pas me coucher trop tard pour avoir un bon sommeil. Je suis atten- tive à ce que je mange, à ce que je bois. C’est indispensable pour avoir la pêche ! Il faut arriver à connaître son corps, et peut-être acquérir une forme de maturité pour le comprendre.” Cuisiner local “J’évite absolument la nourriture industrielle et les fast-foods. Ma mère a toujours cuisiné, j’ai moi aussi le goût de la cuisine. Ce n’est donc pas une contrainte. Je prépare des plats locaux à partir de produits frais. On ••• a tellement de bons fruits et légumes aux Antilles, avec des indices gly- cémiques bas comme l’igname, la patate douce, la banane verte. J’ai un faible pour la morue à l’oignon, ti-fig, concombre en salade. Mais je suis tout aussi fan de calalou au crabe.” La Guadeloupe, Éricka ne l’aime pas que pour sa cuisine ! Elle l’a d’ailleurs toujours eue dans son cœur autant qu’en ligne de mire de son avenir. Y compris lorsqu’elle l’a quittée pour faire ses études de chimie industrielle et de statistique appliquée à Montpel- lier. S’aimer soi-même “Je vis dans le plus beau pays du monde et je regrette que beaucoup ne s’en rendent pas compte. Il y a un vrai problème démographique en Gua- deloupe, notamment parce que les jeunes s’en vont. J’ai choisi la voie de mes études en me posant cette ques- tion : qu’est-ce que je vais faire qui me permettra d’aider mon pays ? Peu de jeunes ont une ambition rattachée à leur territoire. Or, on a selon moi une responsabilité : aller chercher du savoir, de la compétence et revenir. © DR J’avais envie de vivre ici. Je l’ai fait, j’y suis heureuse.” Éricka a vécu une enfance libre et joyeuse, qui a large- ment contribué à nourrir son amour pour sa terre natale. “J’ai grandi en ville, à l’époque où Pointe-à-Pitre était vivante, où tout était accessible à pied. J’étais libre de courir dans les rues, d’aller au cinéma seule, nous étions autonomes. Et il y a un endroit où le bonheur était encore plus complet : chez mes grands- parents au Moule, à la campagne. J’accompagnais mon grand-père, un homme d’apparence plutôt sévère qui a été prisonnier de guerre, mais que l’arrivée de sa première petite-fille a transformé en papi gâteau. Nous allions au jardin, attacher les cabris, acheter du poisson. C’était la liberté ! Pourtant, ce pays magnifique a une histoire collective si douloureuse qu’elle nous empêche aujourd’hui encore de nous aimer et de vivre ensemble. Pour aimer les autres, il faut s’aimer soi-même. Et l’esclavage est un trauma qui pèse comme un couvercle sur nous. La parole est dif- ficile mais libératrice : on n’ira pas de l’avant sans elle.” rencontre © 2LOOK
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