ANFORM MARTINIQUE N97
juillet - août 2021 • anform ! 15 vés dans les encres. Le test réalisé par l'UFC-Que choisir le confirme*. Les enquêteurs ont fait analyser 20 encres vendues sur internet et cou- ramment utilisées par les tatoueurs français. Les chimistes y confirment la présence de métaux (nickel, cobalt, manganèse, cadmium, anti- moine, dioxyde de titane...). Mais ils trouvent aussi des molécules organiques capables d'interagir avec les mécanismes biologiques (for- maldéhyde, isothiazolinones), ainsi que des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) ou des amines aromatiques potentiellement cancéri- gènes. Et même des conservateurs interdits dans la cosmétique, comme les parabènes, des perturbateurs endocriniens. Au total, 15 formula- tions analysées sur 20 sont jugées potentiellement dangereuses. RÉACTIONS ALLERGIQUES Ces encres interagissent-elles vrai- ment avec l'organisme ? Aussi curieux que cela puisse paraître, on ne savait pas précisément ce qu'elles devenaient une fois injectées. Ce n'est que récemment que l'on découvre que l'encre ne teinte pas les cellules de la peau (les fibroblastes), mais qu'elle est incorporée par des cellules du système de défense immunitaire, les macrophages. Or, ces macro- phages ont une durée de vie d'une vingtaine de jours. Quand ilsmeurent, leur contenu est relâché dans l'orga- nisme. Comme les particules de peinture sont trop grosses pour se déplacer, elles restent sur place et sont de nouveau captées par un autre macrophage. Un mécanisme mis au jour par des chercheurs du Centre d’immunologie de Marseille-Luminy, en 2017, et qui explique pourquoi les tatouages durent alors que la peau se renouvelle sans cesse. Pour autant, une infime partie des encres peut se répandre dans l'organisme via les tissus et capillaires brisés par l'aiguille. Lors d'un tatouage, la peau accueille 1 mg d'encre par cm 2 de peau. Et comme la mode est aux tatouages couvrant une large surface, avec des couleurs riches en pigments, les quantités peuvent être s'agit d'un produit chimique, qui va rester à vie sous sa peau, au contact direct de ses cellules. Et, leur compo- sition a de quoi faire réfléchir. MÉTAUX, CONSERVATEURS Les pigments, d'abord : comme en peinture, les couleurs les plus belles sont obtenues avec des métaux ou des oxydes métalliques. En 2017, une équipe américaine analyse 226 encres de tatouage du com- merce. Elle y trouve 15 métaux. Le titane (qui rend les couleurs plus vives), le fer (qui assombrit le noir) sont les plus courants. Mais ces derniers ne sont pas jugés toxiques. D'autres, si. Le chrome, le nickel, le cuivre, le plomb... pourraient pro- voquer des allergies ou affecter le système nerveux. En plus des pig- ments, les encres contiennent un cocktail de produits chimiques desti- nés à améliorer le procédé d'injection (des émollients, des fluidifiants, des solvants), à faire durer les couleurs (des conservateurs, des régulateurs de pH). Au total, plus d'une centaine de produits chimiques sont retrou- ••• © SHUTTERSTOCK Le chrome, le nickel, le cuivre, le plomb... pourraient provoquer des allergies ou affecter le système nerveux.
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