ANFORM MARTINIQUE N95

10 anform ! • mars - avril 2021 je prends une autre couleur et je tapote. Plus je suis près de la feuille, plus le sable tombe de façon serrée, et plus mon pinceau est loin, plus l’effet est aérien.” Laur- rence peaufine ensuite au cutter. “C’est une question de patience, ça détend, je rentre dans mon univers, je suis bien. Le sable est indiscipliné, mais j’arrive à le dis- cipliner.” Ce matériau lui a permis de retrouver une confiance qu’elle avait perdue à travers les épreuves de la vie, marquée notamment par son divorce. Sa mère n’est pas étonnée du chemin qu’elle prend. “Déjà au collège, sa professeure de dessin disait qu’elle avait des doigts d’artistes. Mais à l’époque, on ne donnait pas d’importance à cela” , se souvient Évelyne. Plus tard, la jeune femme s’est dirigée vers la fonction publique pour inté- grer le ministère de la Défense : “Elle a toujours été “carrée”. Ce métier lui va très bien. Très tôt, elle ••• L'artiste peut compter sur le soutien de ses enfants. était responsable. C’est l’enfant du milieu, une jeune fille exigeante. Et, aujourd’hui, l’art lui permet de rester calme, de ne pas sombrer dans la dépression”, lorsque la vie devient difficile. 30 tableaux en 1 mois ! Dans son travail au sein de l’armée, Laurrence a dû faire sa place, “en tant que femme dans un milieu d’hommes, en tant que fonctionnaire et donc personnel civil et en tant que subor- donnée” . Aujourd’hui, elle est fière de son parcours : “Je suis l’ora- trice des cérémonies officielles, le 11 Novembre, le 8 Mai, lors de l’investiture du préfet. Les com- mentaires et les discours, c’est moi qui les rédige et les lis.” Pendant le confinement, elle a participé à l’opération Résilience où le porte- hélicoptère amphibie Dixmude a été dépêché aux Antilles. Une période inédite pour elle. “Même si je respectais les gestes barrières, je restais anxieuse de la santé de ma famille. Je pense que c’est pour cela que j’ai fait une trentaine de tableaux et totems en 1 mois”, annonce-t-elle en riant. Son sourire et sa spontanéité, c’est ce que retient Pauline Dailcroix, respon- sable communication des Forces armées aux Antilles, basée en Mar- tinique. “C’est quelqu’un qui touche à tout. Efficace dans ses tâches, elle est un appui indéniable. Et son côté artistique est appréciable en communication, notamment pour ses belles photos.” Laurrence ne se définit pas comme une artiste, mais plutôt comme une passionnée. “Tout le monde naît artiste”, selon elle. “On a une mine de richesses, mais souvent on passe à côté à cause de nos pensées limitantes. Et puis, l’art coûte cher. Moi, ma philosophie, c’est de flirter entre la décoration et l’art.” Artiste ou non, Laurrence Brudey s’exprime avec sincérité et spontanéité, au travail comme dans ses créations. © BÉNÉDICTE JOURDIER rencontre

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