ANFORM MARTINIQUE N91

10 anform ! • juillet - août 2020 sciences peuvent avoir un impact sur notre société grâce à leur détermina- tion, en devenant des références pour les jeunes filles. Que vous apporte cette récompense (prix Jeune talent France 2019) ? AP : Il s’agit d’une véritable opportu- nité qui nous aidera à aller davantage de l’avant de façon pratique, dans un contexte insulaire qui est, de fait, moins favorisé que les grandes métro- poles avec les laboratoires et équipes déjà bien constituées et ancrées dans une dynamique vertueuse dans mon domaine. Je suis très reconnaissante car, outre la visibilité sur le champ des possibles pour les jeunes générations notamment, j’ai pu aussi rencontrer de jeunes femmes comme moi, passion- nées, motivées et inspirantes, toutes travaillant dans la complémentarité pour l’avancée des sciences et techno- logies au service de la société. LH : Cette récompense est tout d'abord un grand honneur et une belle recon- naissance scientifique pour mon début de carrière. C’est un atout, une opportu- nité d’élargir mon réseau professionnel et un moyen de m’affirmer en tant que jeune femme dans la recherche. Cette récompense permet de mettre en valeur mes travaux de recherche et mon par- cours, et de faire prendre conscience à la société l’excellence des travaux des femmes en science. Travailler aux Antilles en tant que scientifique, quels avantages et inconvénients ? AP : Les atouts de l’insularité peuvent porter sur le choix de problématiques scientifiques pertinentes à étudier et à traiter pour leurs populations et leur environnement. La Martinique est un département d’Outre-mer, avec des collaborations européennes, et de par son emplacement géographique, dans la Caraïbe. Ce sont de potentiels avan- tages qui peuvent faire germer une synergie des efforts et avancées. Néan- moins, l’insularité comporte également des inconvénients liés à l’éloignement et au développement inhérent, souvent plus lent, mais pas moins sûr, que celui des grandes métropoles. Il faut réussir à avancer en dépit des cir- constances qui peuvent être a priori au départ un frein au développement. LH : Il y a plusieurs avantages à travailler en Guadeloupe en tant que scientifique. Nous avons une biodiver- sité riche et d’importance mondiale, avec un champ d’expérimentation dans des domaines variés comme le volcanisme, les écosystèmes tro- picaux et l’épidémiologie, qu’il n’y a pas dans d’autres pays, comme en France métropolitaine. Autrement dit, nous avons une source d’échantillons permanents, collectés directement sur le terrain grâce notamment à un climat tropical constant. Pour pré- server ce patrimoine et protéger la population, de nombreux axes de recherche se développent et tendent vers l’excellence grâce aux collabora- tions étroites avec les autres territoires de la Caraïbe. Je pense que l’inconvé- nient est que les instituts de recherche sont peu nombreux et très petits, donc décrocher un stage ou un emploi stable rapidement dans la recherche est très rare. Aussi, nous n’avons pas toujours les équipements adaptés, et les déplacements à l’étranger sont onéreux. Cela a pour conséquence d’être difficilement visible à l’interna- tional.

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