ANFORM MARTINIQUE N88

janvier - février 2020 • anform ! 17 ••• © ISTOCK dans les officines. L’important reste de séparer le médicament de son emballage et de sa notice. Votre pharmacien ne collecte que les produits dangereux pour la nature. Votre container jaune se charge du papier et du carton ! Les principes actifs présents dans les capsules, sirops ou poudres sont en effet toxiques. Les circuits classiques ne sont pas en mesure de les traiter. Ils ne doivent pas terminer dans les poubelles ménagères. En 2018, l’association Cyclamed a récolté 20 tonnes de médicaments en Guyane, 27 t en Guadeloupe et 36 t en Martinique où les produits actifs sont incinérés sur place. La Guadeloupe et la Guyane envoient leurs collectes dans l’Hexagone, qui seront revalorisés en énergie afin de produire chauffage et électricité. Des résultats encore faibles com- parés au tonnage récolté dans les autres départements.Mais le dispo- sitif a été installé “dès les années 2000, contre les années 1990 dans l’Hexagone, et la consommation de médicaments est plus modérée aux Antilles-Guyane, où il existe une grande pharmacopée connue et reconnue”, souligne Christelle Diochot-Despois, facilitatrice des éco-organismes en Guadeloupe. “Le pharmacien devient alors le pilier de cette collecte, avec qui nous allons développer la com- munication” , explique Christelle Diochot-Despois. ÉVITER LE GASPILLAGE La filière de collecte reste méconnue ici et des rumeurs persistent. “Les gens pensent que les produits récol- tés partent en Afrique.Pourtant,c’est un circuit de destruction, tout bon- nement” , insiste la pharmacienne. Depuis 2008, la loi interdit toute récupération à usage humanitaire. “Les médicaments collectés sont détruits dans des conditions sécuri- sées”, précise l’article L 4211-2 du code de la santé publique. Il existe bien un programme de mission humanitaire, le PHI (Pharmacie humanitaire international), mais qui approvisionne en médicaments neufs les centres de soins caritatifs français agréés par les Agences régionales de santé (ARS). Selon plusieurs recensements effectués par Cyclamed depuis 2010, la part de médicaments non utilisés dans les pharmacies de chaque Français a baissé de 30 % à23 % en 8 ans. Une évolution positive que la jeune pharmacienne, diplômée depuis 2012, tente d’améliorer en insistant au sein même de sa famille. “Trop de médicaments périmés depuis 2 à 3ans restent sur les étagères de la salle de bain,et souvent dans des conditions inadaptées, avec trop d’humidité.” L’association Cycla- med rappelle que les médicaments doivent être conservés dans un endroit sec et frais, certains même au réfrigérateur. Pour éviter le gas- pillage, la pollution et les accidents liés àl’automédication, la France a lancé, en 2014, l’expérimentation du médicament à l’unité, inspiré du principe déjà adopté dans les pays anglo-saxons. Mais l’initiative n’a pas convaincu et s’est arrêtée 1 an plus tard.En France,un citoyen gaspille 1,5 kg de médicaments par an, soit environ un médica- ment sur deux, rangé au fond d'une armoire à pharmacie, estime l’Ins- titut international de recherche anti-contrefaçon de médicaments (IRACM).

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