ANFORM MARTINIQUE N87

8 anform ! • novembre - décembre 2019 rencontre trouver son équilibre Il vient de fêter ses 60 ans et ses 45 ans de carrière. Kali, alias Jean-Marc Monnerville, traverse le temps avec succès. Pour y parvenir, il puise son énergie dans la nature, quelques rituels matinaux et une formidable conviction personnelle. PAR MATHIEU RACHED K ali, c’est d’abord une silhouette. Longiligne, une démarche souple et de longues dread- locks qu’il enroule volontiers autour de la taille. Les dreadlocks datent de ses 19 ans, quand le jeune Pierrotin découvre les enseigne- ments rasta. Point de départ d’une philosophie intime. “J’ai pris ce qu’il fallait prendre” , s’amuse-t-il, notamment, le rapport à la nature. “En me rapprochant de la nature, j’ai toujours l’impression de me rapprocher d’une certaine vérité. Tu vois comment elle réagit à ton com- portement, à ce que tu plantes... Elle nous montre des choses.” Son régime alimentaire végétarien date aussi de cette époque, “ simple- ment parce que ça me paraissait bizarre de tuer les animaux pour se nourrir” . Pour l’artiste, manger demeure aujourd’hui un geste essentiel, pour soi comme pour la planète. “C’est ce qui devrait concentrer le plus notre attention et notre énergie.” Si à l’échelle du territoire, il lui semble insensé qu’on ne puisse produire nous- même ce dont nous avons besoin pour manger, ou de “manger des pâtes plutôt que des aliments issus de notre terre”, c’est à l’échelle individuelle qu’il place le curseur. “Cultiver autour de nous ce dont nous avons besoin pour manger me semble un sujet capital.” Chez lui, pas de potager traditionnel, mais des herbes aromatiques, des citrons, des haricots verts et beau- coup de bananes. “Que des plantes qui se plaisent et se développent autour de la maison” , résume-t-il avec le sourire. Disposer de fruits et légumes locaux, c’est bien, les cuisiner c’est mieux ! Lui s’y plie tous les jours. “Ça prend du temps, mais au moins je sais que j’ai bien mangé. J’utilise du soja, du lait de coco, du curcuma, du curry, avec des légumes, bananes jaunes, dachines, fruits à pain et tous les types de haricots, blancs, roses, noirs”, énumère-t-il. En Guyane où il habite pendant 10 ans, il pousse l’expérience un peu plus loin et fait même pousser du riz, “pour essayer”. ÉNERGIE MATINALE En tournée, il reconnaît que bien manger quand on est végéta- rien est plus difficile et qu’on doit s’adapter, “manger des œufs, par exemple” . Celui qui a écumé les salles de Martinique et de l’Hexa- gone sait bien l’énergie nécessaire pour tenir bon et enchaîner les performances. “C’est comme une compétition sportive, ça demande beaucoup d’effort physique de chanter 2 h, soir après soir ! ” Comment réussit-il à trouver son équilibre ? Plus jeune, le vélo, la Kali, •••

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