ANFORM MARTINIQUE N87
novembre - décembre 2019 • anform ! 47 une année record. Au total, “depuis 10 ans, 274 NPS ont été identi- fiés”, chiffre l’OFDT. En l’espace de 10 ans, les NPS sont donc devenus un chapitre à part entière dans les études et les stratégies de lutte contre la consommation de drogues. La question est d’autant plus préoccu- pante que les NPS, dont on connaît mal les molécules et les dosages, peuvent avoir des effets bien plus puissants que les drogues dites clas- siques. Au Royaume-Uni, on estime à 125 le nombre de décès liés aux NPS aux cours des trois dernières années, et 25aux États-Unis. Plus récemment, au mois de septembre, à Paris, un jeune de 21ans est décédé dans une boîte de nuit après une potentielle consommation de produit stupéfiant de synthèse. Dans un communiqué, le Collectif action nuit , qui regroupe des professionnels reconnus du monde de la nuit, alertait sur la circu- lation d’ecstasys largement surdosés, baptisés “ecstasys chinois”, et appe- lait à la mise en place de mesures préventives contre cette “recrudes- cence” de la consommation de produits stupéfiants “particulièrement dangereux”. “LA CHIMIQUE” Les NPS circulent-ils aussi en Outre- mer ? “Pas vraiment”, rassure la chargée de communication de l’ARS Martinique. Les problématiques de drogues à l’échelle de la région sont plutôt liées au crack, au cannabis et à l’alcool. La question des “ecsta- sys chinois” ne s’est encore jamais posée aux Antilles. Sans doute une des raisons tient au fait que, globa- lement, on se drogue moins en Outre-mer que dans l’Hexagone tel que le mesure et l’atteste le Baromètre santé Dom 2014. Au travers de cette étude, “se dégage un portrait des Dom marqué par de faibles niveaux d’expérimentation des substances illicites, tandis que les usages occasionnels de cannabis se situent à des niveaux proches de ceux de la Métropole (particulièrement à La Réunion, et de façon moins marquée en Guadeloupe) et les usages régu- liers aux mêmes niveaux qu’en Métropole” , expliquent les auteurs. CARTE D’IDENTITÉ Une situation qui contraste parfois à l’échelle des voisins régionaux, notamment à l’Île Maurice, où le produit de synthèse baptisé “spice” règne et inquiète les auto- rités suite à des hospitalisations en urgence d’ados et d’enfants ayant consommé ce mélange d’herbes de thé imbibées aux cannabinoïdes de synthèse. Les cannabinoïdes de synthèse ont aussi trouvé leur place à Mayotte avec le produit baptisé “la chimique”, lequel a récemment été observé à La Réunion avec, “entre janvier 2018 et avril 2019, plusieurs cas d’hospitalisations plus ou moins sévères en lien avec une prise sup- posée de “la chimique”” , informe Drogues Info Service. La question des NPS est un sujet brûlant sur chaque continent. À l’échelle de l’Europe, plusieurs agences (Europol, Agence européenne du médicament…) par- ticipent au système d’alerte précoce pour aider les 27 à lutter contre ces drogues de synthèse. De même, un programme de recherche, conduit par le Centre commun de recherche de la Commission européenne (JRC), vise à doter les services douaniers de nouveaux outils. Le travail de ces chercheurs consiste à créer une ency- clopédie de ces produits.Ils analysent et identifient les profils physico- chimiques des substances saisies (herbes, poudres…) afin d’établir pour chacune une carte d’identité. Une seconde équipe travaille sur un détecteur portable qui intègre ces données et permet d’identifier à la fois les produits connus mais aussi tous ceux appartenant à l'une des princi- pales familles de drogue de synthèse. Une réponse technologique qui devra renforcer nos capacités communes d’alerte précoce et de réaction,face à des risques sanitaires dévastateurs et des usagers très mal inspirés.
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