ANFORM MARTINIQUE N87

18 anform ! • novembre - décembre 2019 régions, Aethina tumida , un coléop- tère qui fait des ravages en Europe. “Il a récemment été recensé au Brésil et au Costa Rica” , redoute le spécialiste guyanais. URBANISATION INTENSIVE En Martinique et en Guadeloupe, l’urbanisation intensive, le déboi- sement et la pollution perturbent aussi beaucoup les abeilles. Comme le signale Jean-Pierre Jorite, le déboisement et le désher- bage mécaniques sont des fléaux. “On se focalise sur la propreté des bords de route, on fait du déboi- sement anarchique, on utilise des machines qui coupent et arrachent la végétation, privant les abeilles de réserves de nourriture. On dépense beaucoup d’argent à faire du mal aux abeilles. C’est un problème encore plus grave en Martinique qui a une superficie moins impor- tante que la Guadeloupe.” En effet, le problème majeur pour le maintien d’abeilles en bonne santé et en nombre, c’est la possibilité pour elles de se nourrir, autrement dit de trouver dans la nature des plantes mellifères en suffisance. Totalement en harmonie avec son environnement, l’abeille qui en zone tropicale travaille 360 jours par an, réduit son activité lorsque la flore est moins présente (entre novembre et janvier). “Toute la vie de la ruche est alors ralentie, la reine diminue sa ponte, la popula- tion d’abeilles peut même baisser de 60 % pour s’adapter au manque de nourriture. C’est un processus naturel qui n’a rien d’inquiétant, explique Jean-Pierre Jorite. Rien à voir avec ce qui se passe lorsqu’on déboise ou désherbe à outrance.” Urbanisation excessive, déboise- ments qui les affament, réseaux routiers sans cesse agrandis, pol- lution atmosphérique importante sont les causes majeures de la disparition progressive des abeilles. Comme la prolifération des antennes et relais téléphoniques, qui mettent en danger les abeilles, perturbant leur système GPS et leurs repères biologiques. “Même nos abeilles “domestiques” en souffrent, s’insurge Benoît Foucan- Pérafide. Les insectes ne savent pas se défendre face à ces attaques ! Ce sont nos activités qui détruisent ••• © ISTOCKPHOTO les abeilles. Mais à notre échelle, on peut agir. Quand on construit 200 m 2 , plantons 200 m 2 utiles : des suretiers, des arbres fruitiers (mombin, quénettier, avocatier) autour de chez nous, des arbustes “milflè”(lantana), des turneras pour aider les insectes.” MAUVAIS TEMPS Et il n’ya malheureusement pas que l’homme qui menace les abeilles. Il arrive que la nature aussi s’en mêle, détraquée sans doute par ce même homme. Sécheresse, cyclones majeurs, pluies diluviennes privent les abeilles de nourriture ou les détruisent directement. En 2017, Maria a ainsi lourdement impacté la production mellifère et la vie des abeilles, et les deux années suivantes ont été très difficiles. “D’un jour à l’autre on peut tout perdre, appré- hende Benoît Foucan-Pérafide. Il faut être vigilant et ça demande des efforts terribles. Nous essayons de travailler avec chacun, les agricul- teurs, les politiques, les aménageurs. Il faut que tout le monde y mette du sien si on veut préserver notre miel et nos abeilles.”

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