ANFORM MARTINIQUE N87
10 anform ! • novembre - décembre 2019 natation et la course trouvent ses faveurs, mais des problèmes de dos le découragent. Aujourd’hui, il s’adonne aux “cinq tibétains”, des exercices énergétiques d’éveil musculaire. Àla fois exercices phy- siques et respiratoires, il s’agit de séquences de postures que l’on doit répéter un certain nombre de fois, qui permettent de travailler sur l’équilibre général, les jambes, le dos, et se terminent par une salu- tation au soleil. “C’est mon rituel du matin. Je fais des cycles de trois mouvements mais certains vont jusqu’à 21 fois ! ” Avec les années, le matin est aussi devenu un moment propice au travail musical. “Il n’y a pas de bruit, le jour se lève, on ressent une énergie particulière, c’est idéal”, apprécie-t-il. IMAGE D’ENFANCE Comment Kali est-il devenu Kali ? Tout part d’un surnom qu’on lui attri- bue à l’époque du collège. “J’étais entré en sixième à 9 ans et demi, et forcément j’étais le plus petit de ma classe. Arrivé en quatrième pour me chahuter, on m’appelait Calimero” , se souvient-il. Moqueur puis attachant, le surnom le suit dans les années 1970 avec la révolution créole jusqu’à devenir son nom d’artiste. Le jeune Kali sait très tôt ce qu’il veut et ce qu’il faut faire pour y arriver. “Je suis pour le travail, pour la réalisation, pour le “faire””, explique-t-il, pédagogue. Une conviction innée, cultivée par une famille empreinte de musique, tous artistes et travailleurs. “Quand ••• j’avais 10 ans, le frère de ma mère, Max Ransay, était l’un des chanteurs les plus connus de Marti- nique.” Il entraîne Kali et les autres enfants de la famille à chanter. Et le jeune Kali est en admiration. “Chanter, faire de la musique a toujours été une évidence, une manière de vivre, un moteur pour moi. Une image d’enfance est d’ailleurs encore intacte. Ma mère est penchée sur mon lit ou mon berceau et elle chante pour moi.” LÂCHER PRISE Bosseur, musicien appliqué, chef de bande, Kali a longtemps été un perfectionniste. “J’ai arrêté, j’essaie de voir le beau aussi dans l’imprévu et l’improvisation. C’est nouveau, et c’est bien aussi” , confie-t-il. Sa carrière artistique suit un fil rouge, celui des origines musicales. “Depuis le début, j’ai voulu ne pas oublier la biguine et la mazurka qui sont les vrais sons de la Martinique, et composer en restant fidèle à cet héritage.” Ne succombant pas aux sirènes attirantes des rythmes et de la musicalité d’ailleurs, “ à com- mencer par la musique africaine qui domine et influence toutes les musiques caribéennes actuelles”, il imprègne sa marque et fédère les Antillais autour de ses proposi- tions musicales. Depuis le concert anniversaire en février dernier et les 3 h 30 de show, le jeune sexagé- naire travaille sur une musique de pièce de théâtre. Il prépare avec trac et envie l’enregistrement d’un nouvel album. Pendant quelques semaines, il s’enferme chez lui avec sa tribu, dans son studio installé dans la maison de son père. En attendant de faire surgir la musique “tous ensemble” , Kali s’applique à préparer les mor- ceaux qu’il a en tête et à prendre soin au quotidien de son âme, son assiette et son corps. “Il ne faut pas se leurrer, quand tu vieillis, tu as moins d’énergie. C’est important de garder son équilibre.” © MATHIEU RACHED
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