ANFORM MARTINIQUE N83
mars - avril 2019 • anform ! 135 Victime Persécuteur Sauveur triangle dramatique de karpman subit , se plaint , s ' apitoie . critique , ironise , dévalorise . ne peut s ' empêcher d ' aider . ••• La victime On peut se demander quel bénéfice peut tirer la victime. Elle semble avoir une place désagréable. Et pourtant, elle est en haut du triangle ! La victime attire l’attention sur elle. Elle a un besoin narcissique d’attirer les regards, d’exister, et un égocentrisme dévorant. Le but étant d’attirer un sauveur. Ce sont très souvent des personnes qui ont des carences affectives et ont besoin de protection, de compassion, d’attention. La victime aime se plaindre, extériorise ses affects et ses souf- frances àoutrance. Et surtout, son ambivalence ultime est de ne faire aucun effort pour changer son triste sort ! Surtout ne pas reconnaître ses torts ni ses responsabilités. La faute est au persécuteur. Elle veut garder le contrôle et avoir une image irréprochable. La victime balance des phrases de type : “Tu ne viens jamais me voir”, “je fais tout bien et je récolte toujours le mal”, “je n’ai pas de chance.” Ce sont presque toujours des phrases négatives qui cherchent à culpabiliser et attendrir les autres. Le persécuteur Le persécuteur, ou le bourreau, trouve son intérêt dans la libération des pulsions agressives sur quelqu’un d’autre (la victime). Il le fait pour obtenir quelque chose en retour, un bénéfice secondaire. C’est souvent àtravers un compor- tement de domination. Le but est d’avoir une emprise, un ascendant sur l’autre. Le persécuteur établit les règles, impose sa dictature, aime diriger et corriger dès le premier faux pas, la moindre erreur. C’est un mini-dictateur àl’œuvre ! Il ne pardonne pas et n’hésite pas àtenir des propos dévalorisants et humiliants pour déstabiliser son adversaire, faire culpabiliser et mettre la victime en position d’infériorité. Ce rôle de bourreau cache en fait une faille narcissique. Il a besoin de descendre les autres pour se sentir exister. Ses phrases favorites sont : “tu ne fais pas assez bien”, “je te le dis toujours.” Le sauveur Il semble plus évident de vouloir tenir le rôle du sauveur. C’est assez gratifiant. Cela permet d’avoir une bonne image de soi, et surtout auprès des autres ! Il retire beaucoup de satisfaction àvoir que les autres lui font confiance et de constater qu’ils deviennent dépendants de lui. Le sauveur a donc la “toute puissance héroïque”du contrôle. C’est làtoute la perver- sité cachée de ce rôle. Le sauveur place sa victime en incapacité de s’en sortir sans lui. C’est ce qu’on appelle l’emprise. Le plus souvent, le sauveur est une ancienne victime. Le sauveur n’a donc aucun intérêt àce que la situation s’arrange puisqu’il n’aurait plus aucune raison d’exister et perdrait tous ses avantages. Le sauveur fait donc semblant d’aider la victime. C’est un jeu hypocrite. On le distingue bien entendu des “sauveteurs”: pompiers, secouristes, psychologues, qui eux, passent àl’action et améliorent la situation dans un vrai but bienveillant.
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