ANFORM MARTINIQUE N80
septembre - octobre 2018 • anform ! 87 pie. La reconstruction d’une image par le cerveau est très complexe et la capacité de voir simultanément avec les deux yeux est importante pour acquérir une vision en trois dimen- sions. Cette maturation ne peut se faire que si les deux yeux envoient des signaux similaires au cerveau. Il est donc essentiel de dépister le stra- bisme chez le tout-petit pour éviter que le développement de la zone du cerveau correspondant à l’analyse de l’image ne soit ralenti. RÉÉDUQUER “Les strabismes congénitaux, surtout convergents, restent permanents, même s’ils sont alternants (tantôt l’œil droit, tantôt l’œil gauche), explique Mylène Pierrot. Ces strabismes vont forcément aboutir àune intervention dans un but esthétique, mais on va traiter en priorité l’amblyopie. Car même quand ce strabisme est dépisté tôt, il persiste et ne disparaît pas for- cément avec la correction optique.” Cela dit, un diagnostic posé tôt permet à l’enfant d’avoir dans certains stra- bismes des possibilités accrues de récupération de son acuité visuelle. De la même manière, s’il est tout à fait possible de rééduquer l’enfant de moins de 5 ans, il est impossible de récupérer en acuité visuelle au-delà de 10 ans, âge limite où on stoppe la prise en charge et le suivi de l’am- blyopie. Lorsque le strabisme survient après l’âge de 2 ans, celui-ci est le plus souvent dû à une différence de force entre les deux yeux. En effet, jusqu’à 2ans, le bébé forme sa vision binoculaire, c’est-à-dire l’emploi simultané de ses deux yeux. Ses besoins de netteté sont moindres que chez un enfant qui entre enmaternelle par exemple. Le strabisme peut ainsi se déclencher au moment oùl’enfant commence à dessiner, écrire, et donc à être précis. LUNETTES, PRISMES… Le traitement consistera à permettre à l’œil le plus “faible” de se déve- lopper grâce à des exercices de rééducation, le port d’un pansement permanent, d’un cache sur le “bon” œil, de prismes, d’un fi ltre translu- cide (posé sur les lunettes), de lunettes spécifiques ou, en dernier recours, une opération chirurgicale. “Le bébé peut porter des lunettes, dans certains cas dès 4 mois. Elles peuvent suffire àcorriger partiel- lement le strabisme, parfois à le corriger complètement (dans le cas des strabismes accommoda- tifs, par exemple)” , explique Mylène Pierrot. Les traitements peuvent durer plusieurs mois ou années. On com- mence souvent par une occlusion 24 h/24 pour finir à quelques heures par jour. C’est un protocole qui permet généralement de corriger l’amblyopie. Si la déviation est très forte et si elle résiste au traitement proposé, l’opéra- tion peut être prescrite. Elle a souvent lieu avant l’apprentissage de la lecture et l’arrivée au CP. Dans tous les cas, il convient de poser au plus vite un bon diagnostic et envisager des solu- tions adaptées à chaque enfant. Les traitements sont longs et demandent une forte implication de l’enfant mais aussi de ses parents. Mais le jeu en vaut vraiment la chandelle ! © ISTOCKPHOTO Fausse alerte Certains enfants qui ont une base du nez élargie et des replis de peau dans le coin interne de l’œil semblent parfois à tort souffrir de strabisme (le pli cutané mas- quant exagérément le blanc de l’œil). On appelle cela un épicanthus. Il se remarque souvent dans le regard laté- ral. Seul le médecin pourra lever le doute en étudiant les reflets cornéens.
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