ANFORM MARTINIQUE N80
septembre - octobre 2018 • anform ! 79 l’animal.” Dans cette prise en charge thérapeutique, le cheval intervient sur deux plans : “Il est d’abord au centre des exercices. La personne est mise au contact de l’animal et apprend à interagir avec lui.” Plus stupéfiant, le cheval est aussi partenaire de l’équi- thérapeute et peut lui indiquer ce que ressent le patient. Car la particularité de ce grand équidé est son extrême sensibilité à son environnement. Véritable baromètre à émotions, le cheval est apte à éprouver immédia- tement votre ressenti. Dans la relation thérapeutique, cela permet de bien identifier les fluctuations émotives du patient. Frédéric-Gilles Baudin explique que ces mécanismes “sont permis par des réflexes de mimé- tismes de la pensée (isoesthésie) et de l’attitude (isopraxie)”. Autrement dit, une forme d’imitation gestuelle et émotionnelle s’installe entre le cheval et son cavalier. Marchez à côté du cheval et il prendra votre pas. Tournez et il vous suivra. Inversement, le cavalier s’imprègne du mouvement du cheval. Idem pour les émotions. À l’origine de ces formidables potentia- lités, les réminiscences de sa vie à l’état sauvage. Son instinct profond de préservation offre au cheval des canaux sensoriels particulièrement riches qui lui permettent d’être très attentif et réceptif à la satisfaction, la crainte ou le malaise de celui qui monte. Dans la thérapie, il est aussi important dans ce qu’il représente pour le participant. “Il est à la fois protecteur, doux et sensible, atouts pour travailler avec des personnes fragiles. Il est aussi impressionnant, de par sa puissance et son indépen- dance. C’est ce qui va permettre la responsabilisation du patient qui doit approcher l’animal avec calme et confiance.” ANXIÉTÉ, DÉPRESSION… L’équithérapie peut accompagner de nombreuses pathologies, des troubles psychiques aux troubles phy- siques. “Des affections articulaires ou musculaires pourront être amé- liorées à travers différents exercices de positionnement. Un handicap moteur, une paralysie, une ampu- tation seront accompagnés par des exercices d’équilibre, pour stimuler les réflexes et l’adaptation statique”, précise l’équithérapeute. Côté psy- chique, cette thérapie est indiquée dans le traitement de l’anxiété, de la dépression, des troubles du compor- tement, de l'autisme, des difficultés psychomotrices aussi… Là, c’est l’in- teraction avec l’animal qui fait sens : guidage de l’équidé, exercices de confiance, communication… Les activités doivent permettre la relaxa- tion, la pleine de conscience du corps, le dépassement de soi, la prise en compte de son environnement. “Enfants, adolescents, adultes, tous trouvent leur épanouissement dans l’équithérapie. On ne force jamais le patient, et la séance s’adapte àson état d’esprit.” Les contre-indications médicales sont rares, mais existent : ostéoporose grave, luxation de la hanche, arthrose des hanches avec forte réduction de la mobilité, colonne vertébrale corrigée par une tige ou par un corset non amovible, sco- liose grave, épilepsie grave, allergie à la poussière, au foin, aux poils de chevaux. RELATION DE CONFIANCE La séance débute par la rencontre avec le cheval. Elle est essentielle d'après Agathe qui travaille au centre équestre. “À travers les premiers gestes, les caresses, le pansage, la promenade avec la longe, chacun se retrouve, retisse une relation. ”La suite de la séance prévoit des exercices avec le cheval, monté ou à ses côtés. “Tout dépend du besoin du patient et des objectifs identifiés par l’équithéra- peute. Par exemple, il peut s’agir de déplacement, de guidage, de mou- vement sur le cheval, d’exercices de toucher ou de communication. La monte àcheval n’est jamais obliga- toire !” Et puis, il y a le retour à l’écurie, les petits soins, le toilettage, moment privilégié entre le patient et l’animal. © DR
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