ANFORM MARTINIQUE N80

72 anform ! • septembre - octobre 2018 aussi fallu surmonter les habitudes et le sentiment de perte de dignité. “Malgré les couches, elle conti- nuait à aller aux toilettes, comme pour prouver qu’elle en était encore capable.” SOURCE DE STRESS Le premier achat de couche pour sa mère fut particulier, un peu gênant. “Et j’ai découvert tout un univers ! Devant tous les modèles proposés, difficile de faire un choix. Quelle taille ? Avec attaches ou sans attaches ?” Tout dépend du sexe de la personne, de son type d’incontinence, de son importance et de son degré d’autonomie, allant de la simple garniture au change complet en passant par le slip absorbant. Le port de ces couches peut parfois s’imposer beaucoup plus tôt que prévu. Une expérience que vit Sylvie depuis 2 ans alors qu’elle n’est âgée que de 60 ans. Malade depuis plusieurs années, elle s’est fait une raison. “On m’a expliqué que ça serait pratique. Tu mets ta couche et tu peux aller te balader. Tu vas où tu veux.” Mais ça, c’est en théorie. Car dans la pratique, l’utilisation de couches peut être source de stress. “Si j’ai fait un pipi, ça va. Deux pipi, ça va encore, mais je ne peux pas sortir si j’ai une troisième envie.” Et quand il faut se changer hors de la maison ça peut être très compliqué, explique Sylvie qui a besoin d’aide pour cette opération. Pour cela, elle peut compter sur son mari, un soutien indéfectible depuis 40 ans. “J’ai la chance d’avoir un mari extraordinaire. Il rouspète mais il est toujours là. Il y en a d’autres qui se seraient sauvés.” L’acceptation n’est pas toujours aussi évidente pour certaines personnes, confie Rosy Fagour, infirmière libérale. “J’ai une patiente de 92 ans qui vit seule et qui a du mal àse déplacer. Le matin quand j’arrive, il y a de l’urine dans le lit ou au sol. Elle a tenté d’aller aux toilettes mais n’en a pas eu le temps. J’essaie de la convaincre de mettre une protec- tion (elle utilise le terme protection plutôt que couche pour ne pas la heurter, ndlr). Rien à faire, elle ne veut pas ! Ça fait 1 an que ça dure. Elle me dit qu’elle n’est pas un bébé, qu’elle peut se débrouiller toute seule. Récemment, une de ses proches a réussi àla convaincre de mettre une couche au moins le soir. Quand on la douche le matin on parvient aussi à lui en mettre une. Quand ils n’ont pas envie, c’est une bagarre !” Difficile à accepter, la couche est souvent associée à une image infantili- sante ou sénile, une perte de virilité ••• © ISCTOK  LE SAVIEZ- VOUS ? En France, l'incontinence urinaire touche 3 à 4 millions de personnes.

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