ANFORM MARTINIQUE N80

20 anform ! • septembre - octobre 2018 Au court de leur vie, nos vêtements perdent un peu de matière, des peluches qui s'accu- mulent dans le nombril, ou filent dans les eaux sales du lave-linge. Quand elles sont constituées de fibres naturelles, ces peluches se dégradent. Mais, selon l'Union des industries textiles, en 2014, 71 % des fibres textiles produites dans le monde sont des fibres synthétiques (polyester, viscose, polya- mide...). Il s'agit de fibres plastiques. Elles se dégradent très lentement et sont trop fines pour être filtrées par les stations d'épuration. Selon Maria Westerbos, directrice de Plastic soup foundation, un tiers des microfibres synthétiques libérées par les vêtements lavés à la machine finirait dans les rivières, les lacs et la mer. Selon une étude que cette fon- dation publie en mai 2017, on les retrouve ensuite dans le plancton, les moules, le miel, et même sur les feuilles des plantes. étude publiée en novembre 2012, l'ONG Greenpeace révèle en avoir trouvé dans 63% des vêtements de grandes marques testés. Les NPE ne sont pas toxiques au contact. En revanche, l'Union européenne les considère comme des perturba- teurs endocriniens. Ils ressemblent tellement aux hormones qu'ils interagissent avec le système hor- monal, et perturbent la croissance et la fertilité des animaux comme celle des humains. L'étude détecte également un autre perturbateur endocrinien : les phtalates. Ils sont notamment présents dans certains types d'imprimés plastifiés. Les com- posés perfluorés pointent aussi dans cette catégorie. Ils interfèrent avec le fonctionnement de la glande thy- roïde et avec les œstrogènes. Ils sont utilisés pour augmenter les qualités infroissables et imperméables des tissus. NANOPARTICULES Enfin, on trouve aussi des nano- particules, notamment dans les textiles techniques. Elles amé- liorent leur résistance à l'eau, au feu ou au frottement. Des nanopar- ticules d'argent sont aussi parfois intégrées aux fibres. Elles tuent les bactéries, luttant ainsi contre ••• © ISTOCK les mauvaises odeurs. Mais ces nanoparticules partent au lavage. Une chaussette anti-odeur libèrerait 144 mg de nanoparticules d'argent par lavage ! Or, l'argent affecte les milieux naturels, notamment aqua- tiques. Nous pouvons cependant agir. Des mesures simples (voir encadré) peuvent nous protéger. Mais l'Anses veut aller plus loin. Elle va donc déposer un dossier auprès de l’Agence européenne des produits chimiques pour demander de renfor- cer les limitations de ces substances dans les vêtements et chaussures. * Rapport de l'Anses : https: /www.anses.fr/fr/ system/files/CONSO2014SA0237Ra.pdf Des microfibres polluantes

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