ANFORM MARTINIQUE N80

172 anform ! • septembre - octobre 2018 ecolo La case créole, un art de vivre bioclimatique La case créole traditionnelle peut se caractériser par les termes construction simple et logique. Façonnée en bois, d’une taille traditionnelle de 3 m sur 6, elle pouvait être transportée à dos de charrette. “À l’époque, en vertu du droit du sol, les cases ne devaient pas coller au sol et n’étaient pas taxables” , explique Edward Chapiteau, maître d’œuvre spécialisé dans la rénovation des bâtiments anciens en Guadeloupe. Surmontées de tôles plates qui assuraient l’écoulement de l’eau de pluie, elles étaient ouvertes aux quatre vents. Puis, en fonction des moyens financiers, les habitats se sont complexifiés dans la quête d’une circulation optimale de l’air. Positionnés sur un morne pour profiter au maximum du “bel air”, la ventilation naturelle y est assurée par différents moyens : des jalousies, des caillebotis (baguettes assemblées en quadrillage), de l’espace en haut des murs et sous la toiture. Tout l’inverse d’une maison en béton dont le maté- riau fermé stocke puis restitue de nuit la chaleur accumulée. C’est également l’apparition des gale- ries, des terrasses. “On cherchait plus l’ombre que le soleil”, ajoute Edward Chapiteau. Maisons vivantes et adaptables, le bois y joue, s’y adapte, vieillit. Globale- ment plus saines, les moisissures et les insectes s’y développent moins. “On a voulu lui donner une forme unique”, composé d’une pièce salon/cuisine au rez-de-chaussée et d’une chambre juste au-dessus avec une terrasse, pour un coût total de 70 000 euros. Non reliée au réseau d’eau de ville, une citerne de 5 000 l équipée d'un filtre leur procure une eau utilisable pour la vaisselle et pour la douche. L’achat d'un kit basique de quatre panneaux solaires neufs achetés d’occasion, la construction d'une fosse septique et l'accès à inter- net par satellite, ont levé le dernier obstacle à une installation sur place. Ce changement a contribué à une vie en complète adéquation avec ce qu’ils sont. “L’énergie d’une maison que l’on a bâtie soi-même est par- ticulière, inégalable. Elle est notre reflet.” Oser se lancer, acquérir outils et connaissances,et s’adapter. Autour du jardin Toute la lumière du jour pénètre dans les lieux.Très ouverte, la maison respire, ce qui donne une sensation d’espace et d’être au cœur de la nature. Dedans, on a l’impression d’être dehors.Tout autour,le jardin est composé de petits îlots de cultures. Lui aussi libre et harmonieux. “Le but était de construire une maison dans un jardin et pas l'inverse ”, explique la jeune femme. Ainsi,“ le plus grand espace est dédié au jardin”. Plusieurs heures y sont consacrées chaque jour. “Tout pousse car c'est un climat de montagne.” Le couple se procure ainsi une réserve alimentaire qui contribue à le rendre encore plus autonome et conscient de ce qu’il mange. Cette même sensation de naturel est renforcée par le fait que tous les meubles sont en bois, travail- lés avec raffinement par le concepteur de la maison.Il a appris à travailler le bois avec un oncle menuisier. Un véritable talent artistique ainsi qu’une marque de fabrique se révèlent dans chaque élément de ce mobilier.Dans la perspective de s’ouvrir au tourisme en proposant un mode de vie plus sain, ils ont l’idée de créer une petite guinguette avec des produits naturels issus de leur jardin. ••• © BÉRENGÈRE MERLOT

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