ANFORM MARTINIQUE N80
septembre - octobre 2018 • anform ! 159 ses patients, la psychanalyste a développé une méthode inédite et souhaite former des confrères thé- rapeutes à cette écoute d'urgence. LIEU CHALEUREUX Et il est accueillant cet espace, au rez-de-chaussée du carrefour des solidarités mis à disposition par la municipalité de Saint-Claude.Après avoir traversé un petit couloir, on débouche sur la salle de consul- tation, une vaste pièce avec un bureau et des fauteuils. C'est chaleureux, c'est beau, presque luxueux… ça ne ressemble en rien à une salle de consultation médi- cale. “Ce n'est pas parce que les gens ne sont pas riches qu'ils n'ont pas le droit à un lieu agréable”, commente Hélène Migerel. Et un employé municipal de glisser : “ La pièce était inoccupée et le mobilier inutilisé. Alors autant que ça serve à quelque chose d'utile.” Pourquoi cet engagement ? Pour la psycha- nalyste, il s'agit d'un juste retour de ce que la vie lui a offert. “J'ai eu la chance de faire des études longues, de faire des rencontres détermi- nantes. Je me dois de restituer. Je paye mon tribut àla société.” Infos pratiques Horaires des permanences : mardi de 14 à 17 h et mercredi de 9 à 13 h. Adresse : Carrefour des Solidarités (locaux de l'ancienne mairie, face à l'église) à Saint-Claude. Pour en savoir plus : helenemigerel.com 3 QUESTIONS À… Hélène Migerel, psychanalyste Quel est le bilan des premières semaines d'existence de la Soulagerie ? Il est trop tôt pour faire une évaluation, mais un regard d’ensemble permet de dire que la population a très bien saisi le principe de la consultation unique, libératrice du fardeau lourd à porter. Quel est le public ? En grande majorité des femmes venant de toute la région, âgées de 22 à 92 ans. La durée de consultation varie de 1 à 2 h en moyenne. Les hommes, malgré des statistiques qui révèlent leur taux supérieur de mal-être, sont moins nombreux. Les femmes plus que les hommes sont soucieuses de leur santé parce qu’elles sont conscientes de leur responsabilité s’agissant de l’éducation des enfants, de la place occupée dans l’espace social, de la volonté de changer la représentation de fragilité véhiculée par des générations. Elles se préoccupent de leur confort psychique et emploient l’outil de prévention à bon escient. Dire l’innommable, laisser s’écouler l’émotion, évacuer le trop plein : le concept remplit pleinement sa fonction. Quelles sont les perspectives de la Soulagerie ? L’affluence constante de tous types de personnes accroît la perspective d’ouvrir une Soulagerie dans d’autres municipalités. Pour ce faire, un dispositif doit être pensé afin que des relais soient assurés par des thérapeutes qualifiés (...). Mon vœu est que non seulement le concept se généralise en Guadeloupe, mais qu’il franchisse les limites imposées par la mer, qu’il soit donc exportable. De prime abord, le concept de la consultation unique semble convenir aux usagers qui n’auraient jamais poussé la porte d’un centre médico- psychologique pour raconter l’embarras d’une vie ou d’une période de vie.
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