ANFORM MARTINIQUE N80

septembre - octobre 2018 • anform ! 107 de boissons !” Dans un collège des Abymes, une enseignante qui sou- haite garder l’anonymat déclare : “Il est clair que les drogues circulent dans mon collège. Les jeunes se servent de l’établissement pour cacher les stupéfiants. À une époque, on était une plaque tour- nante.” Et d’ajouter : “On repère vite les élèves impliqués dans le trafic de cannabis, car ils sont fatigués tout le temps. Ils ont des comportements d’évitements. Ils ne veulent pas qu’on touche leur sac. Ils sèchent les cours et font beaucoup d’aller- retours.” Parfois les enseignants sont obligés d’appeler la police. Mais cela reste rare, le personnel préférant la prévention, l’écoute active à la répression. Le dernier signalement dans ce collège remonte à quelques années. DROGUES DURES “À ma connaissance, les jeunes consomment surtout du cannabis. Jai entendu parler une fois de sirop codéiné mais heureusement jamais de drogues dures” , informe Line Capras-Labrun, proviseure au lycée Léopold Bissol en Martinique. La cocaïne reste une drogue peu acces- sible pour les petits portefeuilles des adolescents. Aucune étude dans les Dom n’a été réalisée sur les com- portements des 12-15 ans vis-à-vis des drogues. La dernière enquête, nommée Escapad, concerne les jeunes de 17ans et remonte à 2011. Elle annonce qu’en France 91% des jeunes ont déjà bu de l’alcool, 68% fumé une cigarette et 41 % du can- nabis. Selon l’Ireps, de nouveaux résultats seront dévoilés en 2018. Car en 10 ans, les comportements ont bien évidemment changé. “Cela touche de plus en plus les plus jeunes”, confirme le proviseur du collège Rama enMartinique qui amis en place un règlement très stricte, des fouilles et des ateliers d’infor- mations. Et quand les gendarmes doivent intervenir, c’est pour mettre en place des sanctions alternatives à la prison. La Brigade de prévention de la délinquance juvénile intervient très régulièrement dans les établis- sements scolaires. “Nous sommes gendarmes, mais nous ne sommes pas làpour faire du judiciaire. Nous sommes làpour protéger et éduquer les mineurs” , explique l’adjudant- chef François Bellier, commandant de la BPDJ de la Guadeloupe. “Les jeunes découvrent tôt l’alcool. Ils commencent avec un panaché à l’école primaire et arrivent avec une bière au collège et du rhum au lycée, ils n’ont pas conscience de la toxicité des produits.” PRÉVENTION En 15 ans de métier, Huguette Augustin, animatrice socio- éducatrice en prévention santé a vu évoluer les comportements et s’adapte à cette jeunesse. “L’idée, c’est de donner l’information telle qu’elle est, sans diaboliser les pro- duits, l’alcool, le tabac, la chicha et le cannabis, pour que l’adolescent devienne responsable. C’est une période où l’on veut essayer, outre- passer les interdits, mais je tente de leur donner les bonnes informations pour les conscientiser et qu’ils aient les arguments pour se protéger. Par exemple, comment savoir dire non face à la pression du groupe. Je leur explique que le coma éthylique peut avoir des conséquences graves. Avant 18 ans, le cerveau est encore en développement et à cet âge-là, normalement, c’est zéro produits psychoactifs. Je milite aussi pour que les parents soient bien informés sur l’alcool, le tabac, la chicha, le cannabis et la cocaïne présente dans quelques lycées.”

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