ANFORM MARTINIQUE N78

44 anform ! • mai - juin 2018 Dossier On sait aujourd'hui que, exception faite des maladies neuro- dégénératives (comme la maladie d'Alzheimer qui s'attaque à l’hip- pocampe), notre cerveau ne perd pas de neurones en vieillissant. “Sur les 100 milliards de neurones que nous possédons, la perte de neurones liée au vieillissement normal est négligeable, note le pro- fesseur Jaffard. Elle a été évaluée autour de 6 à 7 %.” Une bonne nouvelle ? N'applaudissez pas trop vite. Lorsque le cerveau vieillit, il y a une perte de connectivité entre les neurones. En cause, une dimi- nution des épines dendritiques (les petits nodules au bout des den- drites qui font le lien avecd'autres 9 Le cerveau se transforme. Grâce à son étonnante plas- ticité, le cerveau est capable de “recycler” des aires inutilisées, par exemple à cause d'un handicap, pour le développement d'autres com- pétences. Ainsi, des non-voyants utilisent leur cortexvisuel pour lire le braille, de même que les sourds utiliseraient les aires auditives pour lire la langue des signes. Ainsi, le cerveau est capable de se réorganiser pour réutiliser tous ses neurones. Plus surprenant encore, des personnes incapables de parler peuvent… chanter ! Suite à un AVC, des patients présen- tant des lésions dans la zone du cerveau liée au langage se sont montrés capables de chanter, alors qu'ils ne pouvaient plus parler. Le chant peut même être envisagé comme un type de réé- ducation. “Cela montre qu'il y a une dissociation entre le chant et le langage et que les réseauxmis en jeu ne sont pas les mêmes” , explique Pauline Larrouy, cher- cheuse en neurosciences à l'Institut MaxPlanck. © ISTOCKPHOTO neurones), mais aussi la formation de “plaques” qui isolent les neu- rones les uns des autres. Or, ces plaques peuvent apparaître autour de 45/50 ans. Conséquence, le cerveau perd de sa plasticité en vieillissant, même chez les per- sonnes qui ne sont pas atteintes de maladies neurodégénératives. Les solutions pour prévenir et limiter cette perte de plasticité ? “Les contacts sociaux, les sorties, le plaisir et le sport permettent de créer des réserves cérébrales et cognitives, qui vont limiter les effets du vieillissement”, insiste le pro- fesseur Jaffard. En somme, pour protéger notre cerveau, profitons de la vie ! 10 Nous ne perdons pas de neurones en vieillissant. “Le cerveau est capable de “recycler” des aires inutilisées, par exemple à cause d'un handicap, pour le développement d'autres compétences.”

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