ANFORM MARTINIQUE N78

mai - juin 2018 • anform ! 37 Dossier Les femmes et les hommes n'utilisent pas leur cerveau de la même façon. Jusque-là, rien de très nouveau. Sauf que cela se mesure et de façon très sérieuse, au sein des laboratoires. Ainsi, plusieurs études ont montré qu'hommes et femmes n'avaient pas recours aux mêmes stratégies pour résoudre des problèmes. Sens de l’orientation Sans vouloir établir une sorte de palmarès des réussites ou aptitudes de chacun, il est intéressant de noter que, selon ces études, les hommes obtiennent de meilleurs résultats dans la résolution de problèmes liés àl'orientation et àla navigation. Pourquoi ? Selon des chercheurs américains, les hommes privilégie- raient des stratégies prenant appui sur des repères généraux (par exemple, les points cardinaux, le paysage) tandis que les femmes utiliseraient des indices et des points de repère plus proches d'elles, plus égocentrés (et donc susceptibles d'être moins pertinents lors des changements de direction). En revanche, les femmes obtiennent de meilleurs résul- tats pour des tâches verbales, ou lorsqu'il s'agit de retrou- ver des objets, ou encore lorsqu'il faut retenir des mots, des textes, des images ou des objets. En ce qui concerne la motricité, les hommes seraient plus aptes à atteindre des cibles alors que les femmes seraient plus“douées”pour ce qui touche àla motricité fine. Génétique, entraînement ou conditionnement ? À quoi doit-on ces diffé- rences ? Leurs origines font largement débat et la communauté scientifique est loin d'être parvenue au consensus. Ces différences sont- elles liées à la génétique, la femme étant dotée de deux chromosomes X, l'homme d'un Xet d'un Y ? En ce sens, on retrouve des différences anatomiques entre les hommes et les femmes, certaines structures du cerveau étant plus ou moins grosses, leurs tissus plus ou moins denses en fonction du sexe. Des équipes ont même fait le lien entre ces différences structurelles et les performances cognitives évaluées lors de tests spécifiques. Cependant, on sait que le cerveau est doté d'une grande plasticité. Aussi, certains chercheurs se demandent si hommes et femmes ne sont pas doués pour certaines tâches car,depuis leur plus jeune âge, on les a entraînés pour cela. “Mon chéri, va jouer dans le jardin avec ton vélo.Quant àtoi ma chérie, sais-tu où nous avons mis ce joli livre ?Veux-tu bien m'aider à le retrouver ?” Ces exer- cices quasi quotidiens et dont nous n'avons jamais réellement pris conscience, p o u r r a i e n t bien influencer le développement de notre cerveau, allant jusqu'à modifier cer- taines structures cérébrales en fonction de l’entraînement reçu. Et nous rendant plus aptes àeffectuer telle ou telle tâche selon le genre pour lequel nous avons été inconsciemment conditionnés. Pire, l'autosuggestion pourrait jouer un rôle prépondérant. Ainsi, des chercheurs ont montré que, lorsqu'on annonce àun groupe de femmes que tel pro- blème est plus favorable auxfemmes, leurs performances cognitives sont nettement supérieures àcelles obte- nues par des femmes ayant effectué la même tâche en pensant, au contraire, que les hommes étaient plus doués pour ce type de problème. Au final, la part de la génétique,celle du conditionnement social ou encore de l'autopersuasion, restent àdéfinir pour comprendre l'origine de ces différences entre les cerveaux des hommes et des femmes. Mais une chose demeurecertaine,il est toujours possible de s'adapter et le cerveau n’est pas figé. Il peut développer des compétences jusqu'alors perçues comme propres àl'autre sexe. 4 Hommes et femmes n’ont pas le même cerveau.

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