ANFORM MARTINIQUE N78
mai - juin 2018 • anform ! 149 dit, il entre en compétition aveclui. Les pères le vivent souvent assez mal. Rassurez-vous, cette étape ne dure qu’un temps. C’est même une phase nécessaire qui annonce que le père joue bien son rôle. En fait, le fils a besoin de se confronter àson père. C’est une pulsion qui pousse l’enfant àse battre et àgrandir. Les enfants ont besoin de se heurter aux parents pour s’affirmer, se développer. Dans la suite de leur relation s’opèrera “l’effet miroir”. Le fils imite le comportement du père, s’identifie àlui. C’est grâce au mimétisme que l’enfant apprend, en faisant “comme papa”. Les garçons ont besoin de modèle pour s’épanouir et grandir. La présence du père sera déterminante pour leur confiance en eux. Ils ont besoin d’être accompagnés dans “les rites de passage” comme les anniver- saires, les compétitions sportives, les examens… La rivalité peut se rejouer vers l’adolescence car pour devenir un homme, le fils a besoin de faire mieux que son père, de le dépasser ! Il recherche en réalité l’admiration et la fierté de son père comme pour valider que ce qu’il fait est bien. Un père complice, c’est celui qui consacre du temps àson fils pour jouer. C’est celui qui tente de lui témoigner son amour. Un père et un fils se disent je t’aime par les actes. En regardant un match de foot ou en bricolant ensemble. Très souvent, les mots manquent par pudeur. La complicité s’installe dans le partage d’activités ou de loisirs, des “sorties entre garçons”. Le père peut aussi devenir un conseiller ou un confident pour son fils. Il a souvent l’image d’un héros. “C’est papa le plus fort. C’est lui le meilleur.” Il est important pour le fils d’idéaliser son père car la vision positive d’un père est un ancrage dans la représentation de soi. D’HOMME À HOMME Cependant, le fils devra aussi accepter que son père puisse avoir des faiblesses et des défauts. Il apprendra à le considérer comme une personne qui a eu sa propre histoire et non plus comme un super-héros. Le secret d’une rela- tion épanouie sera d’être dans l’acceptation réciproque des différences de caractère et de per- sonnalité. C’est cette ambivalence entre rivalité et complicité qui fait de la relation père/fils une rela- tion complexe. Le fils idéalise son père au point d’avoir le cran de se confronter à lui. Il rivalise avec lui pour enfin accepter d’être son allié, accepter une relation plus apaisée “d’homme à homme”. Un fils a besoin de lire l’admiration dans le regard de son père. Le père a lui aussi besoin de la reconnaissance de son fils, de savoir qu’il a été un bon père. © ISTOCKPHOTO Papaoutai ? Comment se construire sans lui ? L’absence d’un père engendre des carences affectives ayant des répercussions sur l’équilibre psychologique de l’enfant et donc de l’adulte en devenir. Into- lérance à l’autorité, insécurité affective, manque de représenta- tions des valeurs masculines, image de soi négative… Peut-on compenser ces carences par un “remplaçant” ou un “père de substitution” comme un parrain, un oncle ou un beau-père ? Il est évident qu’avec les divorces, les parents isolés, l’adoption, la parentalité des couples homosexuels, les théories développe- mentales évoluent. Les psychologues restent prudents sur ces nouveaux questionnements. Les facteurs les plus importants pour le bien-être d’un enfant sont le sentiment de se sentir aimé et le besoin de sécurité. L’enfant est un être résilient qui tentera de combler ses failles à travers son entourage.
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