ANFORM MARTINIQUE N78
mai - juin 2018 • anform ! 147 enrichissantes, sur le plan personnel, culturel, professionnel et spirituel”, explique la psychologue. Certains arguent que la solitude est un dou- loureuxrevers de cette liberté et de ce retour àsoi. “J’ai vécu une très belle histoire avec mon mari. Lorsqu’il est mort, cela a été extrêmement difficile sans lui. Maintenant, ça va mieux”, confie Priscillia, 48ans, veuve depuis 10 ans. En effet, comment faire face, seul, àla vie et ses épreuves ? “C’est entre 30-45 ans et au-delà de 55 ans que le célibat sera vécu avec davantage de lourdeur. Pour la première tranche d’âge, il s’agit d’un douloureuxbesoin de construire en commun, de faire partie d’une entité familiale, de ressentir l’atta- chement et le soutien d’un conjoint. Après 55 ans, ce sera plutôt le désir de vivre la compagnie et le partage spécifique de la vie en couple”, détaille AnnickCalaber. Pourtant, les célibataires modernes ont fait de la solitude une alliée. “ Je peux traîner toute une journée àla maison, habil- lée comme un sac si j’en ai envie”, apprécie Stella, 23 ans. Apprivoi- sée, la solitude amoureuse laisse la pleine maîtrise du temps, de ses relations et de ses activités. Manger seul ? “J’en profite pour tester l’ali- mentation veggie” , philosophe Greg, 35 ans. Le dimanche ? “Je peux réfléchir calmement à l’organisation de ma semaine, sans "parasitage" ou pire encore, des conflits”, confie Sabrina, chef d’entreprise de 43 ans. “En plus, on évite les déjeuners chez belle-maman !”, sourit Joël, 41 ans. L’ENFER, C’EST LES AUTRES Au fil du temps, cette solitude devient un plaisir, voire un besoin. Malgré le regard des autres. Néanmoins, certains célibataires subissent une telle pression sociale et familiale qu’ils préfèrent rapidement ren- contrer quelqu’un, au détriment de leurs plus profondes aspirations. Les autres, entre clichés et réali- tés, tentent de faire fi du jugement des autres. “ Je travaille, je voyage beaucoup, je prépare un master en éducation et un concours. Pourtant, on me regarde encore avec pitié”, désespère Priscillia, 48 ans et deux enfants. Sans l’exprimer clairement, “le regard collectif tend encore à considérer le fait d'être seul comme douteux. Soit une tare signifiant une incompétence avérée, ou encore un délire gratuit vers une liberté absolue et de libertinage insolite !” , analyse Raphaël Spéronel, psycho- logue consultant. Heureusement, cette pression tend àdiminuer face “aux différentes formes du vivre ensemble et de vivre sa sexualité (en couple hétéro ou homo, familles recomposées...)”. La plupart des célibataires décomplexés d’au- jourd’hui le clament : mieux vaut vivre seul que mal accompagné. “Moi, je ne veux plus vivre en couple. Je trouve un meilleur récon- fort dans la foi”, affirme Maryvonne, jeune retraitée. Les jeunes généra- tions aussi. Ne plus se réfugier dans une histoire bancale par peur de rester seul, ne plus vivre le couple comme une obligation, un objectif, ou une définition de vie. © ISTOCKPHOTO,
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