ANFORM MARTINIQUE N77
92 anform ! • mars - avril 2018 avec son ami imaginaire (le partage, les émotions, la gentillesse, les dis- putes, l’altérité, la différence…). Les compagnons imaginaires per- mettent aussi de rejouer les conflits, d’exprimer des pulsions habituel- lement interdites comme la haine, l’agressivité ou l’égoïsme. DÉPASSER SES ANGOISSES On peut ainsi voir son enfant ser- monner son ami imaginaire, lui crier dessus parce qu’il a renversé son verre ou dit un gros mot ! Il rejoue des choses ou événements de sa journée réelle pour évacuer son stress et ses frustrations. Cet ami imaginaire l’aide aussi à se rassurer dans une période où il commence à jouer seul, à s’occuper seul, à faire preuve d’autonomie. Beaucoup d’enfants donnent aussi vie à une peluche ou une poupée à laquelle ils sont particulièrement attachés, et lui attribuent une per- sonnalité, un nom. C’est le fameux “doudou” qui peut servir d’objet transitionnel entre l’enfant et la mère. L’ami imaginaire peut lui donner confiance en lui et en l’envi- ronnement dans lequel il va devoir faire face tout seul. Autrement dit, il se sent accompagné et soutenu. Selon certains psychologues, les amis imaginaires apparaissent souvent dans la période œdi- pienne, comme pour dépasser les angoisses associées à cette étape du développement et semblent disparaître après quelques mois. Vers 6/11 ans (période de latence), l’ami imaginaire peut rester présent mais dans un autre but, celui de combler des moments d’incerti- tudes, de doutes ou d’angoisse. Il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter même si vos aînés n’ont pas connu cela. N’oubliez pas que chaque enfant est différent. En revanche, s’il en parle trop, ou s’il n’a pas de “vrais” copains, peut-être que ses compétences sociales sont défaillantes. Il est alors préférable de demander l’avis d’un psychologue. N’hésitez pas à consulter, même pour avoir un avis ou vous rassurer, afin de ne pas transmettre vos angoisses à votre enfant. Cet ami i ma g i n a i r e aide l’enfant à trouver son identité de façon plus créative. L’en- fant a besoin du jeu, tout comme de l’imagination, pour se construire. Le psychologue Jean Château le dit clairement : “Le jeu est le travail de l’enfant. Il est indispensable à sa construction et àson intégration dans la société.” La créativité optimise la spontanéité et l’ouverture d’esprit. Il faut aider l’enfant à la développer. En le laissant avoir cet ami particu- lier, on accepte son imaginaire et sa créativité. VIVRE SES RÊVES La notion de mensonge n’est pas encore maîtrisée. Il vit dans un monde magique, celui où les dragons, les fées et les amis imaginaires peuvent cohabiter ! Là encore, lorsque votre enfant vous raconte des “bobards”, ce n’est pas dans une mauvaise intention. On est davantage dans l’affabulation que dans le mensonge. Laissez-vous porter par son inno- cence. Mais montrez que vous n’êtes pas dupe, continuez à répondre sérieusement à ses questions ou punir parfois pour certaines bêtises. De plus, il n’est pas obligatoire pour les parents de participer à ce monde imaginaire. C’est vous qui décidez. Certains parents y prennent du plaisir, adhé- rant complétement, par exemple, en ajoutant un couvert supplémentaire à table. Il faut juste savoir mettre les limites qui vous conviennent. Cepen- dant, laissez-lui son imaginaire, c’est son espace privé et intime ! Même si son imagination vous déstabilise, ne détruisez pas ses rêves. “Libérez le potentiel de votre enfant et vous trans- formerez le monde avec lui” , disait Maria Montessori. ••• © ISTOCKPHOTO,
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