ANFORM MARTINIQUE N77

mars - avril 2018 • anform ! 33 L e ventre est une partie souvent méconnue de notre corps. “Le ventre, ou plus scientifique- ment l'abdomen,contient l'appareil digestif, urinaire et une partie de l'appareil génital. L'appareil digestif comprend le tube diges- tif (estomac, intestin grêle, côlon) mais aussi les organes qui lui sont reliés (foie,voies biliaires,pancréas, rate)”, décrit Yvon Assouline,gastro- entérologue et hépatologue.Au sein de cet appareil, les chercheurs ont fait des découvertes stupéfiantes. Le ventre serait notre deuxième cerveau ! En effet, 100 à 200 mil- lions de neurones tapissent notre intestin, autant que le cerveau d’un chat ou d’un chien. Un espoir pour plusieurs pathologies, en particu- lier neurodégénératives, comme la maladie de Parkinson. Ce système nerveux “entérique” serait si perfec- tionné qu’il produirait également 95 % de notre sérotonine, un neu- rotransmetteur qui participe à la gestion de nos émotions. Enfin, les chercheurs ont découvert que notre flore intestinale, notre microbiote, comprend “100 000 milliards de bactéries qui cohabitent dans notre intestin. Ces bactéries interagissent également avec notre digestion, l'ensemble de notre système immu- nitaire et notre cerveau”, révèle Yvon Assouline. Tour de taille Mais lorsque nous “prenons du ventre”, ce système peut se déré- gler. Perdre ce ventre n’est pas chose aisée. C’est tout d’abord lui qui détermine si nous avons un réel embonpoint abdominal. Pas notre profil devant le miroir ni le bouton de pantalon ! Le tour de taille idéal ? La moitié de notre hauteur, selon des chercheurs de l'Université de la City de Londres. Un homme ou une femme qui mesure 170 cm devrait avoir un tour de taille d’environ 85 cm. De manière générale, il devra être “inférieur à 102 cm chez l'homme et 88 cm chez la femme”, précise Moncef Bekkat-Berkani, gastro-enté- rologue et hépatologue.Au-delà, c’est notre santé qui est en péril. “Un tour de taille tropimportant est un facteur de risque de développer des mala- dies cardio-vasculaires très graves”, alerte le spécialiste. Mais aussi de l’hypertension artérielle, du mauvais cholestérol, du diabète... Si c’est la graisse abdominale qui en est la cause, celle-ci peut même causer un syndrome métabolique, ensemble progressif et silencieux d’anomalies dans le corps. À qui la faute ? “L'augmentation naissante duvolume de l'abdomen doit toujours amener à consulter son médecin traitant car elle peut traduire une véritable maladie. Quand le ventre est gonflé et/ou dur, cela peut provenir d’une anomalie de n'importe lequel de ses constituants (digestif, urinaire, génital)” , met en garde le Dr Yvon Assouline. S’il s’agit d’un surpoids abdominal, il peut être causé par des facteurs génétiques ou endocri- niens, le syndrome prémenstruel, la ménopause, le diastasis chez les femmes (écartement des muscles abdominaux grands droits souvent après une grossesse), etc. Mais, Dossier “lorsqu'on a éliminé une maladie et qu'un patient se plaint d'avoir un gros ventre,il n'est pas rare de constater l’association d’un excès de graisse, une musculature disten- due et un ballonnement du tube digestif”, explique le spécialiste. Effet ménopause Hommes et femmes ne sont pas soumis au même régime. “Jusqu'àun certain âge, les hor- mones protègent les femmes” , révèle Moncef Bekkat-Berkani, gastro-entérologue et hépato- logue. Avant la ménopause et grâce aux œstrogènes, les graisses seront plutôt stockées dans les cuisses et dans les hanches. Les hommes les stockent dans le ventre. Mais à la ménopause, le niveau d'œs- trogène diminue. Conséquence, les femmes stockent également de la graisse dans le ventre. Cependant messieurs, tout n’est pas qu’une question d’hormones… Si vous avez tendance à prendre de la bedaine, c’est parce que “les femmes sont plus actives et font plus attention que les hommes. Ces derniers mangent moins bien. Et, ils boivent plus d'alcool” , note le Dr Bekkat-Berkani. Il n’y a donc pas de fatalité ! De nombreuses solutions existent pour retrouver un ventre plat. •••