ANFORM MARTINIQUE N77

10 anform ! • mars - avril 2018 est une de ses passions. “Je n’ai pas eu l’occasion d’en faire plus jeune. Maintenant je rattrape le temps perdu. Je cours entre 8 et 12 km tous les 2 jours, voire tous les jours.” Marathonien, il reven- dique ici la force de l’esprit, car à partir du trentième kilomètre, ce ne sont plus les jambes qui courent, mais le cerveau ! “J’ai fait mon premier marathon àParis avecmon fils, il y a quelques années. Nous sommes arrivés main dans la main. Et malgré la souffrance, c’était un moment de pur bonheur.” Transmission mère-fils Sa valeur phare, c’est la famille. “Mon plus grand plaisir, c’est le samedi à partir de 13 h. Je rede- viens Eustase Janky, le fils de ma mère, le petit garçon. Quand je suis chez elle, s’il faut passer un balai, je le fais. Je soulève le couvercle des canaris. Tout a un autre goût qu’ailleurs. Je vais àla campagne, je marche sur le sol oùj’ai pris nais- sance. Je prends le temps de vivre, je me ressource. Je suis marié, j’ai ••• trois enfants et cinqpetits-enfants. Et mon plaisir, c’est de partager des moments aveceux. Ces valeurs sont fondamentales pour moi.” Une vocation pour la médecine ? “Je n’aurais pas pu faire autre chose. J’aime recevoir les patientes et opérer. Mettre au monde des bébés est un moment sublime. J’ai découvert tardivement que ma mère était matrone. C’est comme une sorte de lignée qui se poursuit avec moi. Elle s’accouchait toute seule. Elle m’a mis au monde, sans aide. Pourtant elle n’avait rien appris. Elle a fait son dernier accouchement en 1989 pendant le cyclone Hugo. Des voisins sont venus la chercher pour accoucher une jeune femme qui avait des contractions. Les accouchements à domicile étaient pourtant prohi- bés… Ce bébéa grandi et c’était à mon tour de l’accoucher quelques années plus tard.” Le regard que porte le professeur Janky sur le monde est toujours profondé- ment optimiste et posé. Le CHU a brûlé ? “Cela a permis àchacun de prendre conscience qu’il est impor- tant, que c’est notre outil de travail et que nous devons en prendre soin.” Que dire de notre système de santé souvent décrié ? “Il est bien trop cloisonné, notamment entre le publicet le privé. Il faudrait mettre en place des filières de prise en charge avec des équipes privé/ public, un parcours de prise en charge qui, en décloisonnant, évite- rait que tout le monde aille auCHU pour le moindre bobo...” “Je suis un optimiste” Quant au nouvel hôpital, “si l’idéal n’existe pas, il sera toutefois mieux adaptéàla représentation psycho- logique des patients antillais et aux normes locales : plus de plain- pied, de patios, des bâtiments plus ouverts, et davantage de parkings” . Enfin, Eustase Janky plaide pour un monde meilleur où chacun doit oublier son égo, qui donne sa place à chacun, dans lequel le handicap sert de moteur, où chacun se sent utile. “Je ne suis pas un rêveur mais tout simplement optimiste.” © ANNE DE TARAGON rencontre

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