ANFORM MARTINIQUE N75

novembre - décembre 2017 • anform ! 159 existentielles suivent de près. Le sentiment que le compte à rebours a commencé et qu’il est irréversible provoque des réactions parfois vio- lentes et déroutantes. “J’ai toujours eu une vie de barreau de chaise. Grand séducteur, je changeais tout le temps de copine. Jusqu’au jour oùmon meilleur ami a marié sa fille, ma filleule. Là, à 42 ans, j’ai pris une grande claque. Je me suis senti vieux et seul. 6mois plus tard, j’étais “casé” et futur papa !”, raconte Marc. ENFIN HEUREUX Il peut être salvateur de parler de son mal-être, d’échanger sincè- rement avec son conjoint et ses enfants, ses amis, sa famille… ou un thérapeute. Outre le soulage- ment que cela procure, c’est aussi le moyen de trouver des solutions simples et accessibles. Il n’est pas nécessaire de renier tout ce qui a fait notre vie jusqu’alors pour aller mieux, mais simplement d’ajuster son temps et son envie àdes projets personnels, des activités négligées jusqu’alors, un hobby, des temps partagés, des voyages. L’essen- tiel étant de se recentrer face à sa vie. Découvrir au plus tôt (et dès les premières années de sa vie de jeune adulte) ses besoins profonds et le sens qu’on donne àson exis- tence est une bonne manière de s’en prémunir. La quarantaine et ses modifications physiques, hor- monales et psychologiques, semble jouer le même rôle que certains autres événements brutaux de l’exis- tence (décès d’un proche, maladie grave, chômage, etc.). Des drames qui nous confrontent à notre fonc- tionnement, à notre système de valeurs, une alerte positionnée dans notre vie pour nous dire “réveille-toi, vivre ce n’est pas ça” . Car il s’agit bien de se réaliser en tant qu’indi- vidu et pas seulement de combler désirs et besoins. Pas étonnant que la plupart des patients débutent à cet âge une thérapie. La crise de la quarantaine peut donc aussi être l’occasion de se remettre en cause, de relancer son couple, de changer d’emploi, voire de métier, de vie, et de manière de voir les choses. Elle peut ainsi être une vraie chance d’être enfin… heureux ! L’AVIS DE… Raphaël Spéronel, psychologue “C'est une crise du  temps passé face  au temps à venir, de  l'essence face à l'exis- tence. Elle relève du  mérite et de la capacité  à être dans le devenir.  Elle doit être vécue  dans toute la profon- deur et la splendeur des remises en cause  de l'existence et de  l'accomplissement du  moi. En ce sens, elle  est créatrice, éthique et spirituelle... Et elle  accouche l'aube d'un nouveau monde.”

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