ANFORM MARTINIQUE N75
152 anform ! • novembre - décembre 2017 Ouragans : Irma, Maria, deux ouragans qui hantent encore les victimes. Car, parfois, le choc initial laisse place à un traumatisme qui dure. Des solutions existent. Les explications de Patrick Racon * , docteur en psychopathologie. * Patrick Racon est également psychologue clinicien au Centre hospitalier de Monteran en Guadeloupe et membre permanent de la Cellule d’urgence médico-psychologique de Guadeloupe (CUMP). PAR CÉLINE GUILLAUME État de choc quand le traumatisme s’installe “ J e ne veuxplus jamais y retourner !” “Je fais des cauchemars.” “Je suis traumatisé.” Des témoins de tous âges, attestant des ravages causés par ces deux ouragans sur leur vie quotidienne. Nombreux sont ceux qui ont cru mourir. Dans le cas des catastrophes naturelles, “au-delà des conséquences domma- geables pour la collectivité humaine, s’ajoute un sentiment de menace vitale, de terreur et d’horreur, lié par exemple à la vue ou à la découverte accidentelle de morts, avec un impact significatif sur le plan personnel” , explique Patrick Racon. Suite à des événements d’une grande violence, la victime éprouve, dans l’immédiat, “un stress aigu”. Chacun agit et réagit àsa manière. Dans la grande majorité des cas, cet impact traumatique est de courte durée (jusqu’à1 mois) et se manifeste de plusieurs façons : agi- tation, anxiété, pleurs, cris... D’autres personnes, plus vulnérables, présen- teront des manifestations plus sévères et inquiétantes : “dissociation 1 , détresse péritraumatique.” Heureuse- ment, cette phase de désarroi est en général transitoire. Mais parfois, ces troubles s’installent dans la durée, avec des conséquences plus ou moins graves. “Au-delà d’1 mois, si les symptômes persistent et sont répé- titifs, on peut parler d’état de stress post-traumatique (ESPT). Et d’état de stress post-traumatique chronique s’ils durent plus de 6 mois”, précise PatrickRacon. SYNDROME D'ÉVITEMENT Cet état se manifeste sous trois formes. Le syndrome de revi- viscence est un ressassement angoissant et intrusif de l’événe- ment, telle “une empreinte laissée dans le psychisme des victimes” . Il est déclenché par un bruit, une odeur, une image... Par opposi- tion, le syndrome d’évitement se manifeste par la fuite de toutes les situations qui réactiveraient le souvenir (lieu, circonstances trop similaires...). “ Cette fuite est vécue par la victime comme une manière © ISTOCK psycho
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy MTE3NjQw