ANFORM MARTINIQUE N75

novembre - décembre 2017 • anform ! 151 suis désormais 48 e , prêt à affron- ter le Col du Taibit qui culmine à 2 000 m d’altitude. La montée est très raide, avec beaucoup de marches. La récompense est en haut : une vue imprenable sur les sommets du Grand Bénare et du Piton des Neiges. Majestueux. Cirque de Mafate Me voici au cœur du cirque de Mafate. Un univers de toute beauté, très sauvage. Je m’arrête quelques secondes pour contempler le panorama. Les remparts du cirque sont vraiment spectaculaires. Je traverse quelques petits villages et toujours des spectateurs qui m’encouragent sur le long des sen- tiers. Quelle ambiance incroyable ! Enfin le point de ravitaillement de Marla, làoù, l’an dernier, j’avais dû me résoudre àabandonner, la mort dans l’âme àcause d’une douleur insoutenable au pied. Aujourd’hui, je me sens vraiment plus solide. Aucun pépin musculaire, pas de douleurs au ventre. Je traverse la plaine des Tamarins sous la chaleur. Je rattrape plusieurs concurrents déjà marqués par la fatigue. Je suis toujours sur le bon tempo, sur les bases de 29 h. C’est royal ! Kilomètre 95 Îlet à Bourse. Il est 12 h 53. Les bénévoles m’annoncent que je suis désormais 40 e . Je vais pouvoir lâcher les chevaux et entamer ma remontée vers le top 30. J’ai déjà parcouru 5 500 m de dénivelés et mon corps répond toujours aussi bien. Je me prépare psychologi- quement à attaquer un mur, le Maido. Plus de 2 h de montée en continu, 2 000 m sans une pause, pendant près de 15 km. Le Grand Raid, c’est aussi ça ! Kilomètre 127 Le brouillard s’invite. Mes genoux me font de plus en plus mal. Foutus tendons rotuliens ! Alors que je gère bien la fatigue, mes genoux me lâchent. Au kilomètre 127, le point de contrôle Sans Soucis ne porte pas bien son nom ! La douleur est lancinante. Malgré ma 40 e  place, me voici confronté à une réalité cruelle : la douleur est constante. Il va donc falloir l’appri- voiser ! J’arrive àChemin Ratineau au kilomètre 136. Plus que 30 km pour atteindre mon Graal ! Arrivée Hélas, je souffre comme un damné. Je ne peux plus courir, même en descente. J’aborde mon chemin de croix. Je prends de nouveau une douche, je me fais masser et je sers les dents. Après tous ces sacri- fices, je ne veux pas abandonner là. Le cœur lourd, je suis contraint de marcher jusqu’à l’arrivée. Les concurrents me dépassent les uns après les autres… Enfin le stade de La Redoute, la ligne d’arrivée. J’ai souffert au plus profond de moi pour aller chercher la médaille de finisher. 73 e en 32 h 54min et 12 s et premier Guadeloupéen ! * Benoît Girondel passera la ligne d'arrivée en 23 h 53, remportant la Dia- gonale des fous 2017. © LAURENT MARTINET

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