ANFORM MARTINIQUE N75

novembre - décembre 2017 • anform ! 149 Matin de la course (jeudi 19 octobre) Priorité au repos. Je vérifie une der- nière fois mon équipement, puis je m’offre une dernière sieste. J’ai la chance de faire partie des favoris, ce qui me donne le privilège d’ap- partenir au sas des élites au départ. J’ai donc le luxe de pouvoir me pré- senter seulement 30 min avant le coup de feu et éviter de perdre du jus dans le deuxième sas. Je suis plutôt serein, pas trop stressé, juste impatient car l’attente est intermi- nable. Je sais que je suis en forme. Les chronos de mes dernières séances d’entraînement sont vrai- ment bons. Je ne suis pas blessé et tous mes indicateurs sont au vert ! Départ L’heure fatidique approche. Un moment à la fois magique et élec- trique. J’ai beau être dans le sas élite, aux côtés des meilleurs, je me sens noyé dans une masse compacte de compétiteurs. Près de moi, Antoine Guillon, l’un des grands favoris de l’épreuve. Il est souriant, décontracté même. Une foule de spectateurs est là. Ils chantent et dansent pour nous encourager. Je ferme les yeux pour entrer dans ma bulle. Rester concentré, surtout ne pas se laisser gagner par l’émotion. 22 h, le départ est donné ! Un feu d’artifice est tiré. Instant libérateur. Sur les huit premiers kilomètres, je n’ai pas l’impression de forcer, porté par les cris du public, massé en bordure de course. Nous courons sur le bitume de Saint-Pierre, entourés d’une nuée de quads et de motos. Les trailers forment une immense guirlande de frontales qui s'étend à perte de vue. J’ai l’impression d’être au cœur d’une étape de montagne du Tour de France. J’ai en tête ce que m’a dit mon entraî- neur : “Sur les 10 premières heures d’effort, économise-toi à chaque instant, reste facile. La réussite se construit sur la seconde partie de la course, après les 100 km. C’est là que tu feras la différence.” Pour- tant, je suis obligé de partir vite. Je me suis fixé comme premier objec- ••• Qui est Ludovic Chevalier ? Ludovic Chevalier est un trailer expérimenté. Il a déjà terminé des ultra-trails de plus de 150 km comme le Tchimbé Raid de Martinique. Il a été vainqueur en 2016 du Challenge des trails de Guadeloupe. C’est sa deuxième participation à la Diagonale des fous. Un défi à la portée de ce trentenaire originaire de Petit-Bourg, frigo- riste de profession. © LAURENT MARTINET, BRUNO COUTANT, ISTOCKPHOTO

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