ANFORM MARTINIQUE N115

|anform ! ◆ juillet - août 2024| 73 ◆ Je voulais faire rire « J’ai commencé au collège sans idée derrière la tête. Et c’est au lycée que j’ai commencé à avoir 300, puis 1 000 abonnés », commence Jade Potin qui, à 21 ans, gère désormais une communauté de 46 000 personnes. « Je voulais faire rire avec des vidéos. Et ça a plu », se souvient la jeune femme qui a décroché depuis, un travail de présentatrice pour une émission sport diffusée sur Guadeloupe la première. « Je fais du contenu sain, rien de tendancieux, pour ne pas attirer les « haters ». J’ai toujours connu les risques et les limites, puisque mes parents étaient au courant dès le départ. Ils m’ont toujours dit que certaines personnes n’étaient pas forcément bienveillantes », détaille la créatrice de contenu pour qui cette activité est devenue un tremplin vers le milieu professionnel de l’audiovisuel et du cinéma. ◆ Échanger en famille Pour éviter les dérives, le Parlement a adopté une loi encadrant l’usage des réseaux sociaux pour les mineurs. Depuis juin 2023, un accord parental est désormais obligatoire pour les moins de 15 ans. Le texte rappelle la responsabilité parentale, mais aussi le droit des enfants et des adolescents. Un texte utile aux dires des différents créateurs de contenu interrogés aux Antilles-Guyane, conscients des potentiels dangers sur les réseaux sociaux : messages haineux, harcèlement, photos détournées. « Moi, je suis OK avec cette loi. Surtout, avec l’arrivée de Tik Tok, les enjeux sont plus grands. Mais, c’est vrai que ça peut être limitant ici, aux Antilles, où les réseaux sociaux nous ouvrent des portes vers l’extérieur », souligne Jade. Pour son père, il s’agit d’agir « comme avec une plante. Je suis le tuteur, je n’interviens pas, j’accompagne ». En relation de confiance avec sa fille, il a quand même dû intervenir une fois, rappelant à l’ordre un des followers qui avait détourné une photo de sa fille. Il avait réussi à retrouver son contact grâce à la communauté de sa fille. ◆ Notion d’intimité Pour la psychologue Émilie Coutellec, spécialisée sur la question des réseaux sociaux, les parents doivent avant tout communiquer de façon objective avec leur enfant, « sur les risques de s’exposer et sur la notion d’intimité ». Selon elle, il est important de comprendre « pourquoi les réseaux sociaux sont attrayants pour leurs adolescents » et, surtout, être disponible pour que le jeune « puisse s’adresser à quelqu’un, s’il se sent mal ou en danger ». La professionnelle qui intervient notamment en structure d’accueil et d’écoute pour adolescents en Seine-etMarne, précise que « l’immaturité

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