ANFORM MARTINIQUE N115

|anform ! ◆ juillet - août 2024| 55 partenaire et guetter ses réactions. Á l’inverse, quand il s’agit de repousses, l’expérience est toute autre : « C’est râpeux. Inconditionnel de cunnilingus, la pratique me devient alors désagréable. » ◆ Moment privilégié Sarah, enseignante de 45 ans, a longtemps été réticente à l’épilation intégrale (pubis, maillot, sillon interfessier). D’abord, parce qu’elle « ne trouve pas ça joli ». Puis, pour la symbolique : « Je n’aimais pas l’association du pubis de femme à celui d’une fillette. Les poils sont signe de maturité sexuelle », rappelle-t-elle. La crainte de la douleur de l’épilation constituait un frein supplémentaire pour Sarah malgré ses complexes créés par les moqueries à l’adolescence sur ses « poils fins, longs et nombreux » et les remarques d’un mari qui préférait les sexes glabres. « Je tondais sans sabot tous les 2 mois », concède-t-elle. Mais à 33 ans, son esthéticienne la persuade de tester l’épilation intégrale. « Ça se passe mieux que prévu. Effectivement, c’est joli et ne ressemble pas à un poulet sans plumes », s’en amuse-t-elle encore aujourd’hui. L’épilation intégrale n’a pas augmenté son plaisir intime, cependant, Sarah a conservé cette routine 3-4 fois par an. L’épilation est devenue un moment privilégié où « je prends le temps de m’occuper de moi ». Elle avoue aussi que l’apparition de poils blancs « l’agace ». Maritza, esthéticienne, entend les mêmes propos de ses clientes : « Les ¾, de 18 à 60 ans, s’épilent pour une routine bien-être. Cela facilite aussi certaines pratiques sexuelles. C’est mieux que la zone soit dégagée », assure Maritza. ◆ Cadeau à l’autre « La sodomie est plus agréable [sans poils]. Ça glisse », selon Shades. La consultante quadragénaire fait « l’intégrale » toutes les 6 semaines. « Je me sens alors légère, libérée, délivrée » avec un sexe épilé qui est « tout beau, tout mignon ». Shades vit cela comme « une attention, un cadeau à l’autre ». Elle lit le ravissement dans le regard de ses partenaires. De plus, « un cunni sans poils, tu sens tout ! C’est extraordinaire, magique ! », se réjouit-elle. Concernant la pilosité de l’autre, Shades n’est pas dérangée par un petit duvet. Mais plus, non ! « Ça garde l’odeur de la transpiration ! », s’exclame-t-elle. ◆ Body positivisme Cédrine Ouka, psychologue clinicienne, voit dans ces pratiques dépilatoires une « influence de la pop culture pour correspondre aux standards de beauté ». Elle précise : « Au fur et à mesure, le poil disparaît. Avec les films classiques et X, on donne l’idée de corps imberbes. » Mais la spécialiste en neuropsychologie, sexualité et psychotraumatismes interpelle : « Qu’est-ce qu’on recherche ? » Si l’absence de poils chez l’homme renvoie au « dynamisme, au sport, à la force de l’âge », chez la femme, « ce phénomène interroge sur le côté juvénile, l’innocence, la pureté virginale ». L’experte se réjouit ainsi du body positivisme qui célèbre le naturel chez tout type de corps : morphologies, vergetures... et poils. Car selon Cédrine Ouka, il faut s’abstenir de raccourcis faciles. Garder sa pilosité « ne signifie nullement ne pas prendre soin de soi ». Pour Karl, cette pilosité est même une forme de poésie : « Le sexe caché laisse plus de place à l’imagination. »

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