ANFORM MARTINIQUE N114

|Rendez-vous| 12|anform ! ◆ mai - juin 2024| parce qu'on se moque d'elle. Il faudrait vraiment que les structures administratives soient mieux formées à tous les handicaps d’ailleurs. Chez nous, il faut aussi travailler l’acceptation de la différence. La peur des autres et du handicap engendre des comportements vraiment inadaptés et malveillants. » Ses blessures Cette malveillance, Ophély l'a découverte dès l'enfance, en raison non seulement du handicap de ses parents, mais également de sa couleur de peau et de sa chevelure. Avec sa famille, elle a vécu 10 ans dans les Pays de la Loire. « J'ai subi du harcèlement scolaire pendant toute mon enfance, notamment à cause de ma couleur de peau et aussi parce que ma mère était sourde. J'ai beaucoup souffert d'être pointée du doigt, confie-t-elle. C'est pour ça que j’insiste sur cette question du regard. Ça m'a beaucoup touchée de voir que les parents n'étaient pas en mesure d'expliquer à leurs enfants que ma mère était une personne différente, mais que c'était un être humain. À l'école en général, dès qu'on est un petit peu différent, c'est déjà compliqué à vivre. Mais le fait que ma mère soit sourde a rajouté énormément de moqueries. Et puis, j’étais aussi l’intello de service, la sportive, ça ne plaît pas à beaucoup de monde. Mais c’est grâce à ces épreuves que je suis déterminée, que je n'ai pas peur, et que j'avance sans me préoccuper de ce que les gens pensent. Cela m'a renforcée, mais je ne souhaite à personne de passer par là. Ça a été très très dur. Plus jeune, je suis passée par des épisodes dépressifs. » Sa thérapie Heureusement, la jeune Ophély a pu trouver du réconfort dans le sport, une activité où elle excellait ! Elle s'est passionnée pour l'équitation et la voile, et a fait de l'athlétisme à haut niveau : lancer de poids, triple saut, et même les championnats de France de course de haies. Son rêve était de participer aux Jeux olympiques, avant qu'une blessure ne vienne y mettre un terme. « Dans un stade, on a tous accès aux mêmes infrastructures, au même entraînement. C’est un lieu parfaitement neutre où on oublie ses différences pour montrer ce qu’on sait faire. C’est l’endroit où j'échappais enfin aux moqueries et, surtout, cela me poussait à donner le meilleur de moimême. J'avais de bons résultats, ce qui m'a permis de gagner en confiance au quotidien, de garder la tête haute et d'avoir un objectif... Le sport a été vraiment l'école de ma vie. J'ai gagné une mentalité de sportive, de compétitrice, et je l'applique au quotidien dans tout ce que je fais. » Devenue depuis un mannequin international, elle ne peut plus faire autant de sport qu’elle le souhaite, devant faire attention à ne pas trop prendre en masse musculaire. « C'est quelque chose qui me manque énormément, car j'avais l'habitude de pratiquer beaucoup de disciplines différentes. J'étais plus passionnée par le sport que par le monde de la beauté finalement ! » © SÉBASTIEN FREMONT « J'étais plus passionnée par le sport que par le monde de la beauté. »

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