ANFORM MARTINIQUE N111

|anform ! ◆ novembre - décembre 2023| 105 ce qu’on aurait pu faire, dû faire, mieux faire, sinon, tôt ou tard, on s’effondre », exprime Lina. ◆ Impliquer les enfants « Faire communiquer les générations, ça aide. C’est via les petits-enfants, notamment, que les aînés se disent : « Je ne peux pas me laisser aller, ils comptent sur moi. » Par ce lien filial, on se sent aussi accompagnée. Les enfants comprennent qu’ils ont un rôle à jouer auprès de leurs grands-parents qui ont toujours été là pour eux. Il faut les associer plutôt que de dissocier pour vouloir protéger. C’est ce que j’ai fait avec mes enfants qui vivaient ça de loin. La famille est éprouvée et, en même temps, elle est le siège du soutien. Avec mon frère qui vit en Guadeloupe, on s’entraide énormément. À Paris, on est plusieurs enfants du quartier à avoir un groupe WhatsApp. Il ne faut pas hésiter à dire ce qu’on traverse. Ce qui me fait tenir, c’est de voir les progrès de ma mère. C’est une continuité de la vie et, si c’était à refaire, je referais les choses de la même façon », sourit Lina. « Il faut du temps, de la patience et se mettre physiquement à la place de l’autre. Il faut parfois imposer ses règles pour que ça se passe bien, et pouvoir avoir son espace. Il faut être fort pour pouvoir assumer ça. Je suis passée par tous les états. J’ai ri, j’ai pleuré et aujourd’hui, je sors grandie de cette expérience et nous sommes plus proches. Peutêtre que quand ils auront encore plus besoin de nous, nous irons vivre à Cuba. On ne déracine pas unvieil arbre qui ades racines très profondes, même si, on doit vivre aussi et continuer à élever nos enfants, dans un pays qui les a vu naître », finit Sol. Du répit pour les aidants - Lesplateformesd’accompagnement REPIT Créées pour aider les proches accompagnant au quotidien une personne atteinte de lamaladie d’Alzheimer. Elles offrent soutien, conseils, prestations et temps libéré. Depuis 2021, elles ont étendu leur soutien à l’ensemble des proches accompagnant une personne âgée, en perte d’autonomie, en situation de handicap, atteinte d’unemaladie neuro-dégénérative ou une autremaladie chronique invalidante. Il existe aujourd’hui 220 plateformes d'accompagnement et de répit en France (https:/ www.pour-les-personnes-agees.gouv.fr/). - Lecongédeprocheaidant En France depuis 2017, ce congé permet au salarié de s’occuper d’une personne handicapée ou âgée, en perte d’autonomie, et de réduire son temps de travail, sous conditions et pour une durée limitée. - Les associationsdequartier pour seniors oupersonnesmalades Pour Sol, ce fut une association cubaine. « Cela a aidémes parents. On a parlé espagnol, joué aux dominos etmangé la nourriture du pays. Cela leur a fait beaucoup de bien, moralement, d’être en contact avec des compatriotes. » tiples questions se posent et font parfois perdre pied alors même qu’il faut tenir, pour tous. « C’est une formedesacrifice.Nospropres repères volent en éclat », reconnaît Lina, qui a mis de côté une vie parisienne culturelle et sportive qu’elle partage avec ses enfants. «Même de loin, je continuais de les inciter à aller voir telle exposition. Une façond’êtreaveceux», se souvient-elle. ◆ Prendredu recul « J’ai eu l’impression deme perdre, car j’essayais de rendre tout le monde heureux et finalement, personne ne l’était », reprend Sol. « Je pensais que mes parents allaient pouvoir m’aider davantage avec mon fils, mais ils avaient aussi des problèmes de santé. Je me suis ajouté des inquiétudes. Ma vie ne m’appartenait plus et j’étais frustrée, car je ne recevais pas d’aide. Ressentir leurs faiblesses physiques au quotidien, ça touche. J’avais l’impression parfois que nos vies s’opposaient complètement, malgré l’amour. Pour tenir, j’allais marcher et j’ai trouvé de l’aide auprès de mes voisins à qui je pouvais parler », livre Sol. « C’est un choc de voir les parents vieillir et perdre progressivement leur autonomie alors qu’ils ont toujours été dynamiques. Mais il faut dépasser ce stade et réussir à prendre du recul, mentalement. On ne peut pas s’écrouler enmême temps qu’eux. Mon projet était de revenir vivre en Guadeloupe à ma retraite et de pouvoir faire encore plein de choses avec eux, des sorties... Il ne faut pas culpabiliser sur

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