ANFORM MARTINIQUE N103

juillet - août 2022 • anform ! 67 accès aux plages des Antilles. Pour un bain de mer, il faut louer un “tiralo” disponible dans les deux îles. En Martinique, 12 structures sont toujours labellisées par dérogation, à défaut de nouvelle commission, retardée par la pandémie de Covid- 19. Noël Cicalini, qui travaille avec le Comité martiniquais de tourisme, liste depuis plusieurs années les sites aménagés : “On peut faire de la plongée, puisque des moniteurs sont formés. Le club Espace plongée aux Trois-Îlets a même équipé son bateau d’un portique pour la mise à l’eau. Il y a un club de parachutisme avec possibilité de voler en tandem. L’Office national des forêts a fait de gros efforts sur les sites naturels” , commente Noël, lui-même paraplé- gique. Depuis la sortie de son guide ( Access’île Martinique, éditions uni- versitaires européennes, 2019), ce sont les prestataires martiniquais qui le contactent pour faire tester leurs propres activités, comme le gyrocoptère, le vélo électrique ou encore l’escape game. Des efforts importants restent à fournir concer- nant les transports. Si les bus sont adaptés, ce n’est pas le cas des arrêts, souvent mal disposés, dans des zones dangereuses, sans circuit prévu. Et les nids de poules n’aident pas. Reste l’option des TPMR, des prestataires privés de transports de personnes à mobilité réduite, qui imposent leur tarification souvent élevée. Selon l’Union départemen- tale des aveugles de la Guadeloupe (Udag), il n’y a malheureusement pas d’autonomie possible. Une synthèse vocale a bien été mise en place dans les bus de l’archipel, mais celle-ci n’a duré qu’1 mois, selon l’association active en Guade- loupe depuis 30 ans. PERDUE À L'AÉROPORT À l’aéroport, Rilana Thicot-Barreau, membre de l’Udag, assure être perdue lorsqu’elle s’y rend seule. “La Guadeloupe nous force à rester chez nous, mais ce n’est pas mon genre. Nous, on se bat pour l’inclusion et l’autonomie”, affirme-t-elle. Aveugle depuis ses 13 ans, elle est rentrée de Métropole en 2012. “Il m’arrive de regretter mon retour au pays. Notre paradis est un enfer”, ajoute la jeune femme dont le compagnon est lui aussi concerné par un handi- cap. Il faut dire qu’aux Antilles, les chiens d’aveugle ne sont que très rarement acceptés et leur prise en charge depuis l’Hexagone est beau- coup trop “complexe et onéreuse” , explique Jacqueline Lebreton, la présidente de l’Udag. GÎTES LABÉLLISÉS Si l’autonomie n’est pas toujours pensée dans l’aménagement, quelques prestataires s’impliquent pour changer les choses. En Gua- deloupe, Maggy Datil a longtemps été la seule propriétaire de gîte à avoir obtenu le label “Tourisme et handicap” en 2010 (valable pour 5 ans). Elle a récemment réalisé des travaux de rénovation pour passer d’une à trois villas accessibles sur la commune de Sainte-Anne. “Nous attendons la prochaine commission, prévue en fin d’année, pour le logement Nid Kryol avec, on l’espère, l’obtention des trois pictogrammes : sensoriel, moteur et auditif.” En Martinique, plusieurs gîtes sont référencés sans être forcément labellisés : “Tous les handicaps ne sont pas pris en compte et, souvent, il n’y a pas de barre de maintien ni de chaises de douches.” Des accessoires que loue Noël, via son associa- tion Access’île, pour remédier au manque d’autonomie. © SHUTTERSTOCK

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