ANFORM MARTINIQUE N103

juillet - août 2022 • anform ! 15 l’échelle nationale). Des chiffres qu’il faudra certainement revoir à la baisse dans 1 an, suite aux départs importants liés à la crise sanitaire. POPULATION VIEILLISSANTE Les conséquences ? Des difficul- tés d’accès et de permanence des soins (ce qui alourdit la fréquen- tation des urgences), des délais de rendez-vous très importants (source de renoncement aux soins), des salles d’attente qui ne désemplissent pas… La cause ? La décennie 2010 est marquée par le départ à la retraite des généra- tions issues des numerus clausus (fixation d’un effectif limite) des années 1970-1980. Les médecins actuellement en milieu de carrière sont moins nombreux, sous l’effet des numerus clausus particuliè- rement faibles des années 1990. Parallèlement, la population vieil- lit, donc les besoins progressent. “Le mode d’exercice et la vision de la pratique de la médecine sont différents aujourd’hui, souligne Frédéric Martino, médecin réani- mateur au CHU de Pointe-à-Pitre et président de l’Association des jeunes médecins de la Guadeloupe (AJMG). Les jeunes médecins aiment leur métier, mais la qualité de vie tient une place tout aussi importante. Plus question d’être disponible 24 h/24 h. L’envie de travailler en équipe, comme dans des maisons de santé, limite les installations individuelles dans des zones isolées.” IMPACT DE LA PANDÉMIE La crise sanitaire, liée au Covid- 19, a eu un impact très négatif sur le personnel médical, hospitalier et libéral, aux Antilles-Guyane. Elle a fragilisé un secteur sous tension, mais a surtout engen- dré un climat de violence inédit à l’encontre du corps médical. Fin mai, les urgences du CHU de Pointe-à-Pitre déploraient le départ de 18 médecins en 4 mois. En Martinique, “c’est l’hécatombe”, assure Anne Criquet-Hayot, prési- dente de l’URML Martinique (Union régionale des médecins libéraux). “Entre 2021 et 2022, beaucoup de spécialistes (dermatologues, ophtalmologues, neurologues...) et de généralistes sont partis ou ont pris leur retraite anticipée. Ces professionnels sont les grands oubliés de la crise. Ils n’ont reçu aucun renfort ni reconnaissance alors qu’ils étaient au front.” Selon elle, seules certaines dispositions seraient en mesure d’attirer de nou- veaux médecins : le placement des Dom en zone déficitaire, la création d’une zone franche d’activité médi- cale, la suppression de l’octroi ••• Le territoire de la Guyane est particulier. Certaines communes sont totalement isolées et accessibles uniquement en pirogue ou par avion. Pour pallier le déficit de médecins, l’Agence régionale de santé (ARS) locale capitalise sur son réseau d’acteurs et sur des organisations inédites pour améliorer l’offre de soins qu’elle veut “au plus près de la popu- lation”. “ Pour éviter l’hospitalisation, certaines pathologies de l’œil peuvent être traitées en chirurgie ambulatoire en cabinet ophtalmo- logique”, précise Zéty Billard, responsable du pôle e-santé à l’ARS Guyane. “L’accompa- gnement des internes est renforcé, souligne Joana Girard, directrice de l’offre de soin. Un premier pas pour créer une expérience posi- tive. Les étudiants sont aidés par le Crous et le rectorat pour les hébergements. Ils sont pris en charge et ont des référents. Le territoire est attractif grâce à nos spécificités locales (mala- dies vectorielles, infectieuses tropicales...), à notre population jeune (grossesse précoce, besoin de pédiatres). La Guyane a des réalités médicales passionnantes. Il y a des sujets ici que les étudiants ne trouveront pas ailleurs. Nous travaillons aussi avec le Centre national d’études spatiales - Centre spatial guyanais pour le développement de solutions numé- riques, notamment le haut débit pour impul- ser davantage la télémédecine.” “La Guyane a des réalités médicales passionnantes”

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