ANFORM MARTINIQUE N102

mai - juin 2022 • anform ! 83 leucocephala) , quant à lui, produit de magnifiques boules de petites bractées blanches (fausses feuilles souvent colorées) que l’on confond avec des fleurs. Le ricin (Ricinus communis) fait également partie de cette famille. Il évoque des souvenirs désagréables de l’enfance, car son huile était admi- nistrée pour expulser les vers. Une des caractéristiques de cette famille est la production d’un liquide généralement blanc et laiteux, appelé latex. Très toxique, ce liquide est irritant pour la peau et les muqueuses. Il peut causer des dégâts irréversibles aux yeux. Moyen de défense de la plante, le latex sert à colmater ses blessures : cou- pures, attaques d’insectes, de virus ou de bactéries… De plus, la plante évite ainsi d’être dévorée par les herbivores ! DE PLUS EN PLUS D’ADEPTES Le manioc est originaire d’Amérique du Sud. Sa culture au Pérou, il y a près de 4 000 ans, a été attestée par des fouilles archéologiques. Son aire de répartition est surtout tropicale, mais la famille s’étend aux régions tem- pérées pour certains genres. Produit phare de l’alimentation des pays en voie de développement et occupant le 5e rang des produits de consomma- tion de base (après le maïs, le riz, le blé et la pomme de terre), le manioc a de plus en plus d’adeptes dans les pays occidentaux. La racine tubérisée du manioc est très largement cultivée dans le monde et mérite sa place sur les tables, tant pour ses apports nutritionnels que par la diversité de ses modes de consommation. ALIMENT PHARE Il existe deux espèces de manioc : le manioc amer (Manihot esculenta) proposé sur les marchés, après avoir été transformé, sous forme de farine, tapioca, cassave… et le manioc doux (Manihot dulcis) , encore appelé “cra- manioc” et présenté sous sa forme naturelle de tubercule. Seul le manioc doux peut être consommé tel quel comme la pomme de terre. Le manioc amer doit être débarrassé de son jus et cuit afin de perdre le maximum de sa toxicité. Dans certains pays, les paysans utilisent une couleuvre (vannerie guyanaise réalisée avec de l’arouman) qu’ils remplissent de pâte de manioc. Cette presse à manioc permet l’extraction du “jus” par des mouvements d’élongation et de contraction qui rappellent ceux de l’anaconda. En effet, le manioc amer contient de la linamarine, un composé qui peut se transformer en acide cyanhydrique et provoquer de graves intoxications, voire la mort chez le consommateur. FACILITE LA DIGESTION Sur le plan nutritionnel, le manioc est un féculent qu’il serait bon de réhabili- ter pour sa facilité de préparation et ses nombreux apports. Il est riche en fibres et en amidon, ce qui le rend facile à digérer. Il contient du potassium, du fer et du magnésium. La farine de manioc est la forme la plus connue du manioc amer. Après avoir été râpé, pressé et tamisé, il est cuit sur des plaques métalliques (platines) où il est sans cesse remué, afin de le rendre comes- tible. Cette farine est une alternative à la farine de blé, car elle ne contient pas de gluten. La fécule de manioc stimule le transit intestinal, soulage les maux d’estomac et permet de lutter contre la constipation ou la diarrhée. Aliment de base dans les pays à faibles revenus, le manioc est riche en glucides et son amidon lui confère un excellent pouvoir de satiété. Il est cependant pauvre en protéines. Peu connue, la moussache, obtenue par la décantation du manioc broyé dans de l’eau, constituait un Feuilles de manioc Fabrication de cassaves Couleuvres, vanneries guyanaises réalisées avec de l’arouman ••• © HILAIRE ANNONAY © HILAIRE ANNONAY © HILAIRE ANNONAY

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