ANFORM MARTINIQUE N101

mars - avril 2022 • anform ! 51 ••• mais ils doivent aussi inquiéter. “Prendre du temps pour ses proches, c’est en avoir moins pour soi, s’oublier pour l’autre” , souligne Marie-Paule. Cette Mar- tiniquaise dévouée est, depuis 1991, aidante familiale auprès de sa sœur qui, à la suite d’une rupture d'anévrisme, a perdu son autonomie. “Je n’aurais jamais pensé que, 30 ans après l’acci- dent de ma sœur, je serais toujours aidante et que mon quotidien serait rythmé par son handicap. Dans les années 1990, le mot d’aidant n’existait pas et j'avançais seule, jour après jour.” Aujourd’hui, la sœur de Marie-Paule vit avec elle, dans la maison familiale. Malgré les aides humaines, médicales et financières mises à disposition de la personne dépendante, Marie- Paule a du mal à se reconstruire. “ Mon activité de bénévole au sein de l’Amaf me permet d’être moins seule et de me préserver.” Gina, elle, a été aidante de son frère aîné pendant plusieurs années. “La cancérologue qui suivait mon frère m’a dit un jour : “Le malade, on s’en occupe, alors proté- gez-vous. Ne culpabilisez pas de vous accorder des plages de repos. ”” Un aidant a besoin de rechar- ger ses batteries pour envoyer un maximum d’ondes positives au malade. “Sur internet, j’ai décou- vert l'existence de groupes de parole. Cela m’a beaucoup aidé à relativiser, à prendre du recul et à prendre soin de moi. Aujourd’hui, mon frère nous a quittés. Si je suis fière de l’avoir accompagné jusqu’au bout, je suis soulagée de pouvoir à nouveau vivre sans contrainte et pour moi.” VIE PROFESSIONNELLE L’engagement de l’aidant peut entraîner des dépenses financières importantes, une négligence de sa propre santé physique et mentale, avec des conséquences néfastes sur sa vie professionnelle et per- sonnelle. Beaucoup d’aidants préfèrent mettre leur vie profession- nelle de côté pour se consacrer pleinement à leur proche. D’autres  LE SAVIEZ- VOUS ? Depuis la loi du 28 décembre 2015 relative à l'adaptation de la société au vieillissement, les aidants disposent d’un statut et de certains droits. 11 millions de Français (soit environ 1 Français sur 6) accompagnent un proche touché par la maladie, le handicap ou le grand âge.

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