ANFORM GUYANE N99
novembre - décembre 2021 • anform ! 9 ••• © SHUTTERSTOCK tiques, dans les années 1990, elles ciblaient plutôt le Sida, le cancer, ou la grippe. Le principe est celui d'un vaccin : mettre le système immunitaire au contact d'un signe distinctif du microbe à l'origine de la maladie pour qu'il fabrique des anti- corps spécifiquement dirigés contre l'intrus. Si celui-ci venait un jour à infecter l'organisme, les anticorps seraient alors capables de l'identi- fier immédiatement et de le signaler aux cellules chargées de sa destruc- tion. Les vaccins traditionnels sont composés de virus inactivés ou de fragments de pathogène. Mais, avec les vaccins à ARNm, on donne à la cellule l'instruction de fabriquer elle-même ce signe distinctif. Cette instruction est donnée sous forme d'ARNm, ou “acide ribonucléique messager”. Il s'agit d'une molécule ressemblant beaucoup à un petit morceau d'ADN, cette longue molé- cule qui constitue le code génétique et trône dans le noyau au cœur de nos cellules. Quand les cellules ont besoin de fabriquer une protéine, c'est auprès de cet ADN qu'elles vont en chercher la “recette”. Elles utilisent des ARNm, des copies courtes et éphémères d'ADN qui peuvent sortir du noyau. Une fois sortie, l'ARNm est pris en charge par la machinerie cellulaire capable de traduire le code en protéine. Les vaccins à ARNm renferment des ARNm codant une protéine spécifique du microbe dont on veut se protéger. CELLULE CANCÉREUSE Dans le cas du vaccin anti-Covid, il s'agit de la protéine “spike” qui hérisse les particules virales et lui donnent son identité. Une fois que l'ARNm pénètre dans la cellule, elles se mettent à fabriquer cette marque distinctive du virus com- plètement inoffensive. Cela stimule le système immunitaire qui réagit comme s'il rencontrait le virus et prépare ses munitions pour le com- battre : les anticorps. Une solution a priori sans danger. Au bout de 48 h, l'ARNm aura disparu sans laisser d'autre trace qu'un système immu- nitaire préparé. Même si on sait fabriquer des ARN en laboratoire, la mise au point de tels vaccins a été longue. Il a fallu notamment réussir à fabriquer des ARN qui ne soient pas détruits par le système immunitaire, puis trouver le moyen de les introduire, intacts, dans la cellule. Ils sont souvent enfer- més dans des capsules à base de lipides, capables de fusionner avec les cellules qu'elles rencontrent pour délivrer leur contenu. Avec la réso- lution de ces problèmes, l'industrie pharmaceutique a commencé à percevoir le potentiel thérapeutique fabuleux de l'ARN. Au cours des cinq dernières années, une centaine d'essais cliniques ont été lancés pour évaluer leur efficacité contre de nombreuses maladies. Les vaccins à ARNm pourraient, par exemple, être employés contre les cancers. C'est d'ailleurs pour cette application qu'ils ont été développés au départ par la société BioNTech, aujourd'hui partenaire des laboratoires Pfizer. L'idée : quand elles deviennent can- céreuses, les cellules adoptent un fonctionnement anormal, fabriquant certaines protéines spécifiques du cancer. Voilà des décennies que les cancérologues espèrent pouvoir retourner le système immunitaire des patients contre les cellules exhibant ces anormalités. Mais l'immuno-
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