ANFORM GUYANE N98

septembre - octobre 2021 • anform ! 33 ••• virales issues de la multiplication. Elles peuvent aussi les empêcher de fonctionner normalement. Ou encore, leur fournir un avantage : mieux s'accrocher aux cellules à infecter, se fixer sur d'autres types de cellules (du système respira- toire, des intestins, du cerveau...), faciliter leur entrée dans la cellule, ou leur donner la capacité d'échap- per à notre système immunitaire... Si la mutation (ou, plus souvent, l'ensemble des mutations) leur est vraiment profitable, alors ces parti- cules virales et leurs descendantes deviendront très nombreuses et donneront naissance à un variant bien établi dans la population. VARIANTS PRÉOCCUPANTS Dès le début de la pandémie, les virologues avaient constaté que le virus du Sars-Cov-2 était rela- tivement stable. Il mute beaucoup moins que ses congénères du VIH ou de la grippe. Mais il mute quand même. Et des variants ont donc fini par apparaître. Le premier d'entre eux est le variant dit anglais (souche B.1.1.7) signalé fin 2020 au Royaume-Uni. Et depuis, le ballet des variants a commencé. En juin 2021, afin d'y mettre bon ordre et d'éviter les stigmatisations dues à ces appellations nationales, l'OMS décide d'une nouvelle nomencla- ture. Elle baptise d'une lettre de l'alphabet grec les variants d'intérêt (à surveiller car ils se répandent) et les variants préoccupants (parce qu'ils se montrent plus virulents, plus résistants aux tests diagnostics, aux traitements ou aux vaccins). La souche britannique devient le variant “alpha”. La souche d'Afrique du Sud (B.1.351) est baptisée “bêta”, celle du Brésil (P1) “gamma” ; celles identifiées en Inde (B.1.617.1 et B.1.617.2) respectivement “kappa” et “delta”. L'américaine hérite du “epsilon”, etc. PROTÉINE SPIKE Curieusement, les mutations de ces variants concernent une seule caractéristique du virus : la fameuse “protéine spike”, ou spicule. Cette protéine constitue le relief qui hérisse la surface des particules virales et lui donnent cette silhouette si reconnaissable. Elle joue un rôle essentiel dans l'infection puisque, comme une clé s'enfonçant dans une serrure, elle permet à la particule virale de s'accrocher aux cellules qu'elle va infecter et de pénétrer à l'inté- rieur. Le fait que les mutations ne concernent que cette partie est plutôt encourageant, selon Sandrine Sarrazin : “Statistique- ment, les mutations se produisent partout dans le génome du virus. Si les variants n'ont des mutations que dans une zone précise, c'est que les autres mutations qui se sont forcément produites ailleurs ne donnent pas d'avantage à la souche virale.” Par définition, les variants infectent plus facilement, et plus rapidement, les individus. Mais cette protéine spike est éga- lement celle qui sert au système immunitaire pour reconnaître le virus, et l'éliminer. Si elle change, le système de défense, qui s'est © SHUTTERSTOCK

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