ANFORM GUYANE N95
mars - avril 2021 • anform ! 11 ••• © ISTOCKPHOTO reconnaître et fabrique des agents destructeurs spécifiquement desti- nés à l'éliminer. Les vaccins sont en général constitués du microbe entier (mais atténué ou inactivé), ou d'un fragment typique du microbe. Un vaccin à ARNm contient, lui, l'ARNm qui code un fragment du virus. Dans les vaccins anti-Covid-19, il code la protéine qui hérisse la surface du virus Sars-Cov-2 et qui lui sert de clé pour entrer dans les cellules humaines. Cet ARNm sera traduit par la cellule en protéine, que le système immunitaire apprendra à identifier. Est-ce la première fois qu'on fait un vaccin à ARNm ? Oui. Cela fait une quarantaine d'an- nées que des chercheurs travaillent sur des vaccins à ARNm. Plusieurs candidats ont été fabriqués et testés sur l'homme pour lutter contre la grippe, la rage, le zika et les cyto- mégalovirus. Mais il ne s'agissait que de tests de petite échelle. C'est donc la première fois qu'un tel vaccin passe des essais cliniques de phase 3, est commercialisé et utilisé sur une large population. Qu'est-ce qui a permis qu'ils sortent si vite ? Un concours de circonstances. Dans les années 1990, de gros progrès sont réalisés dans la recherche sur les vaccins à ARNm. Dans les années 2000, la technologie com- mence donc à être testée sur des virus de maladies émergentes, comme certains coronavirus qui ont déjà provoqué de petites épidémies. En 2019, elle est mûre. Et quand la Covid-19 émerge, début 2020, les laboratoires Moderna et BioNTech Pfizer sont dans les starting-blocks. La publication de la séquence ADN du virus début janvier permet de fabriquer les premières doses qui sont testées dès février. Les diffé- rentes phases d'essais cliniques (1, 2 et 3) se succèdent et même se chevauchent dans les mois qui suivent. Avec une rapidité inédite. Que veut dire “efficace à 90 ou 95 %” ? Les essais cliniques (essais sur l'homme) de phase 3 ont été menés sur plusieurs dizaines de milliers de personnes saines. Les volontaires sont séparés en deux groupes, l'un recevant le vaccin et l'autre un placébo. On recense ceux qui pré- sentent des symptômes dans les 7 jours suivant la deuxième injection et qui sont testés positifs à la Covid- 19. Ils sont 90 % moins nombreux dans le groupe vacciné. Ces vaccins peuvent-ils modifier notre génome ? Les ARNm sont des agents à faible durée de vie : une fois utilisés, ils sont détruits par la cellule. Ils ne pénètrent jamais dans le noyau où sont gardés les chromosomes. Par ailleurs, si nos cellules sont équi- pées pour faire des copies (transcrire l'ADN en ARNm), elles ne savent pas faire l'inverse (faire de l'ADN à partir d'ARNm). Les seuls capables de le faire sont des virus à ARN (comme le VIH) qui, eux, possèdent les enzymes pour rétro-transcrire leur ARN en ADN. Encore faudrait-il que de tels virus soient présents dans la cellule au moment de la vacci- nation, et que l'ADN s'intègre dans le génome à l'endroit précis où il pourrait être transcrit... Un scénario jugé extrêmement improbable par les spécialistes.
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