ANFORM GUYANE N92

septembre - octobre 2020 • anform ! 79 sentiment d’isolement. S’affranchir seul ou à l’aide d’un professionnel peut conduire à une meilleure autonomie. t Dépendre des autres Le ressenti peut aussi dépendre de l’âge. “Le bien-être mais aussi la construction de soi des adoles- cents se font dans des contextes très sociaux”, observe Annick Calaber. L’Homme est un animal social. Il vit au sein d’une société régie par des lois et des coutumes, afin d’y déve- lopper son potentiel. Néanmoins, la relation aux autres revêt, parfois, une trop grande importance. “Le besoin de l’autre devient trop important s'il est source de souffrances et empêche un épanouissement, une progression de son cheminement personnel”, met en garde Annick Calaber. Une dépendance qui éloigne de soi, prenant la forme d’une diversion “vis-à-vis de choses que l'on doit affronter. Si la relation à l'autre nous réconforte, elle ne doit pas prendre la place d'une capacité à s'apaiser seul. Nous trouvons beau- coup de ressources sociales, mais il est important de trouver également des ressources personnelles”. Sous couvert d’affection, cette dépendance à l’autre peut même pousser à la possession ! “ Il est important d'être en paix avec l'image de nous qu'on a pu donner aux autres, de clôturer les conflits, d'accepter que les autres puissent parfois avoir d'autres priorités et qu'ils ne nous appartiennent pas” , souligne la spécialiste. t Trouver sa place Par peur d'être seul, nous acceptons parfois de nous entourer de personnes avec lesquelles, finalement, nous nous sentons malgré tout… seul ! “Il arrive de se sentir seul, même lorsqu'on est entouré. C'est le cas lorsqu'on a le sentiment d'une distance affective et/ou intellectuelle avec les autres. On ne se sent pas compris, il y a un partage seulement superficiel, qui ne suffit pas” , juge Annick Calaber. Une distance qui peut s’installer aussi au sein d’un couple. “Il peut également arriver que l'on cherche, au sein d'une relation, du réconfort, de l'apaisement, parfois une réalisation de soi, un épanouissement personnel. Si l’autre ne répond pas à nos attentes ou ne peut pas satisfaire ces besoins, nous sommes frustrés.” Des attentes parfois bien trop importantes. Beaucoup s'imaginent que l'amour va mettre fin à leur solitude. Pourtant, c'est la soli- tude qui permet l'éclosion et la durée de l'amour. t Être plus créatif Ne plus redouter la solitude offre plus de libertés. La liberté d’être en contact direct avec nous-mêmes et de nous offrir l'opportunité de nous découvrir, de rendre chacun d'entre nous unique, sans ressentir instantanément de la tristesse ou de l'angoisse. Qu’est- ce que j’aime faire ? Qu’il s’agisse d’écrire, de jardiner, de dessiner, de méditer, de cuisiner, de regarder un film, peu importe tant qu’il y a du plaisir ! La solitude, “ c'est aussi ne pas s'ennuyer seul. Cela implique de se suffire à soi-même en termes de distractions, d’avoir de l'imagination, de la créativité, de pro- duire”, décrit Annick Calaber. Avant le confinement, nous avions des acti- vités, des amis, des collègues qui nous “distrayaient”. Et puis, plus rien. Un vide soudain, générant un sentiment de solitude intense. Même en famille, il a fallu se créer des espaces afin de ne pas être les uns sur les autres et s’occuper seul. La solitude contribue au développe- ment de la créativité. Tant et si bien que certains ont eu du mal à ressortir une fois déconfinés. “Lorsqu'on se sentait en décalage avec la société (mœurs, habitudes), lorsqu'il y avait des problèmes sous-jacents et non réglés, ce moment de break a permis de se reposer. Repartir au contact de l'autre semble être une lutte qui reprend.” La solitude peut prendre parfois la forme d’une fuite face à des relations difficiles avec les autres. “La remise en question, l’acceptation des remarques des autres, un véritable regard posé sur sa relation à l’autre (famille, col- lègues…), la confiance en soi au travers des changements et adapta- tions nécessaires permettent d’être opérationnel dans ses relations avec l’autre (régler des conflits, trouver sa place, se faire respec- ter, se faire apprécier). Mieux aller vers l’autre”, recommande Annick Calaber.

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