ANFORM GUYANE N92
78 anform ! • septembre - octobre 2020 © ISTOCKPHOTO Apprivoiser Le confinement nous a confrontés à la solitude. Pour certains, une aubaine. Pour d’autres, l’effondrement. Annick Calaber, psychologue, délivre des clés pour mieux la gérer. PAR CÉLINE GUILLAUME Robinson la solitude psycho “ J e me suis senti aban- donné par tous, j’avais peur demourir sans que personne ne le sache ”, confie Georges, 69 ans. La période de confinement a sonné comme une prise de conscience. Certains l’ont vécue comme un cauchemar. “Je ne veux plus jamais revivre ça” , explose Annie, 56 ans. “Nous étions en couple, mais je ne me suis jamais sentie aussi seule de ma vie”, témoigne Valérie, 29 ans. D’autres, à l’inverse, comme un soula- gement. “J’ai dormi les deux premières semaines”, se rappelle Antoine, 52 ans, chef d’entreprise. Une pause libératoire, une période pour faire le point. “J’ai pris conscience de ce qui n’allait pas dans ma vie. Je suis aujourd’hui en pleine réorientation professionnelle” , apprécie Mina, 33 ans. t S’accepter Et si la solitude était nécessaire, constructive, source d’équilibre ? Une solitude sereine qui n’a pas besoin des autres, qui permet de bien s’entendre avec soi-même. “Être bien seul, c'est s'aimer, s'accepter. Si la relation à l'autre peut nous valoriser, elle ne doit pas remplacer notre estime de soi. Cela implique de regarder nos choix en face, d'être en capacité de les accor- der avec nos valeurs, de se pardonner nos imperfections et de valoriser nos atouts”, explique Annick Calaber, psy- chologue. Mais cette identité autonome et bienveillante se heurte parfois à des fantômes, des “blessures du passé nous renvoyant à de l’abandon ou à la peur d’être oublié”, poursuit la psy- chologue. Car face à la solitude, nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne. “Le sentiment de solitude apporte des émotions qui varient selon la personne, son passé, ses valeurs, ses représentations. Pour certains, solitude rime avec liberté : pas de com- promis, pas besoin de tenir compte d'autrui, un moment de vacance sociale, de bien-être et de concentra- tion sur soi. La présence des autres représente un exercice parfois contrai- gnant. La distance peut faire du bien” , note la spécialiste. Ces personnes ont pu vivre le confinement comme une réelle opportunité de se retrouver. “Pour d'autres, les représentations de la solitude riment avec séparation, abandon, souffrance, douleur. Ils sont davantage tournés vers l'autre absent, vers ce qu'ils n'ont pas, vers ce qui leur manque”, compare la spécialiste. La solitude s’accompagne alors d’un
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