ANFORM GUYANE N92

48 anform ! • septembre - octobre 2020 Ma sante La pré-éclampsie est une maladie de la grossesse. Non traité, ce syndrome entraîne de nombreuses complications pouvant conduire au décès de la mère et/ou de l’enfant. Mylène* a perdu sa petite fille à la naissance. Elle raconte. * Pour préserver l'anonymat, le prénom a été changé. PAR MARIE-FRANCE GRUGEAUX-ETNA La pré-éclampsie : un poison pour la grossesse Témoignage M ylène est une maman de 29 ans. Elle a déjà deux enfants de 10 et 6 ans lorsqu’elle décide avec son compagnon d’en “programmer” un troisième. Nous sommes en 2018, l’accouchement est prévu pour mars 2019. La grossesse se déroule tout à fait normalement. C’est à l’occasion du rendez-vous du 3 e  trimestre, au milieu du 7 e  mois, que tout bascule. “Le gynécologue me prend la tension et le cadran affiche 14. Je vois bien qu’il est perplexe, se souvient Mylène, mais comme ce jour-là j’étais venue en bus puis à pied, il attend la fin de la consultation et me reprend la tension. Elle est tou- jours à 14. Il cherche à me rassurer et demande à la sage-femme qui me suit de venir dès le lundi matin. Nous sommes vendredi.” Le samedi, Mylène a rendez-vous pour son échographie du 3 e  trimestre, la dernière. Le bébé n’a pratiquement pas grossi et pèse moins d’1 kg. L’infirmière soupçonne un pro- blème de placenta. Mylène quitte le cabinet, angoissée. Le lundi comme prévu, la sage-femme l’ausculte à domicile. Le tensiomètre affiche 15. Elle comprend qu’il se passe quelque chose de grave et envoie immé- diatement sa patiente à la clinique. Mylène l’interroge, veut comprendre. Il revient alors à sa mémoire un évé- nement qu’elle avait oublié. Quelques semaines plus tôt, elle a eu un malaise en pleine rue. Les pompiers l’ont trans- portée à l’hôpital et le gynécologue de permanence a conclu à un malaise vagal, assez fréquent chez la femme enceinte. Il n’a pas jugé utile de faire une échographie. “J’AI FAILLI MOURIR” La jeune femme entre à la clinique. À son arrivée, les professionnels sont rassurants. 3 jours de repos et tout rentrera dans l’ordre. Seulement voilà, contrairement aux prévisions et malgré les médicaments, dès le 1 er  jour, sa tension continue de grimper. 72 h plus tard, le chef du service lui annonce qu’elle va être transportée au CHU. Elle y restera jusqu’à son accouchement. “ Je pose sans cesse des questions. Enfin, le médecin m’annonce que j’ai une pré-éclampsie.” La pré-éclampsie est une hypertension artérielle gravi- dique qui apparaît généralement dans la seconde moitié de la grossesse. Dans ce contexte, l’embryon n’est plus ni oxygéné ni alimenté normalement, en raison d’un placenta contaminé. “Le médecin m’explique que dans cette situation, l’enfant peut décéder, ou la mère, ou les deux.” Quelques jours après son arrivée au CHU, l’échographie montre que le bébé a grossi. Il pèse 1,3 kg et la tension de Mylène est à 13. Pourtant, un soir où la future maman se sent particulière- ment épuisée, sa tension monte à 22, et elle s’endort. Une forte envie d’uriner la réveille. Elle hésite à se lever faute d’énergie. “C’est comme si une voix au fond de moi m’avait ordonné de me lever. Mon lit était rempli de sang. Le temps d’atteindre les toilettes, j’avais expulsé l’équivalent de cinq sachets d’hémoglobine. J’ai sonné. Dans la seconde, le personnel était là. J’ai res- senti mon placenta se décoller et j’ai dit à l’infirmière que mon bébé était mort. Elle m’a répondu que ce n’était pas certain mais qu’il fallait faire très vite. Puis, j’ai perdu connaissance.” “J’AI EXPLOSÉ DE COLÈRE” La suite, c’est son compagnon qui la lui raconte. D’abord, on n’a rien voulu lui dire. On lui demande de patienter. Ensuite, on lui annonce que la situation

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