ANFORM GUYANE N92
septembre - octobre 2020 • anform ! 11 mation en quantité importante dans le sang. C'est d'ailleurs en calmant l'inflammation que la maladie se soigne, avec une perfusion d'anti- inflammatoires (immunoglobu- lines et corticoïdes) et de l'aspirine. Ce traitement améliore l'état de l'enfant assez rapidement et réduit le risque de complications sur les artères du cœur. En l'absence de traitement, environ 20 % des petits malades auront des complications cardiaques. Ce chiffre passe à 5 % avec le traitement. TROIS FOIS PLUS DE CAS Fin avril 2020, la direction générale de la Santé annonce avoir recensé, en France hexagonale, 135 jeunes souffrant de symptômes proches de la maladie de Kawasaki. C'est- à-dire à peu près trois fois plus que ce qui devrait s'observer à cette période. L'inquiétude monte quand on apprend qu'un de ces enfants est décédé des suites de la maladie à l'hôpital de la Timone, à Marseille. La plupart de ces patients ont été infectés par le Sars-Cov-2, ou proviennent d'une région où le virus circule fortement. Mais de quoi souffrent-ils exactement ? Une des hypothèses est qu'il s'agirait d'une complication de l'infection, souvent chez des enfants qui n'ont même pas présenté de symptômes. La Covid-19 semble, en effet, perturber fortement le système immunitaire de certains malades. “Les cas graves de Covid-19 se caractérisent par une réaction inflammatoire exces- sive, décrit Anne Goffard, virologue à l'université de Lille. Cette phase inflammatoire arrive bien après que le virus a disparu du système res- piratoire des malades.” Environ la moitié des enfants ayant développé ce syndrome inflammatoire ressem- blant à la maladie de Kawasaki ont dû être placés en réanimation. La plupart des cas se sont produits en Île-de-France, mais quelques-uns ont été recensés dans le Grand-Est et la région Paca, des zones particu- lièrement touchées par la pandémie de coronavirus. “En Guadeloupe, il nous a semblé voir un peu plus de cas de maladie de type Kawasaki que d'habitude, indique Véronique une dizaine de cas chaque année en Guadeloupe, environ 5 cas en Guyane. Les enfants d'origine asia- tique sont deux à trois fois plus touchés que la moyenne, ce qui suggère une influence génétique. La maladie s'apparente à une artérite, c'est-à-dire une inflammation des vaisseaux sanguins. Or celle-ci peut toucher les artères qui irriguent le muscle du cœur, les artères coro- naires. Dans certains cas, on voit apparaître un anévrisme (une aug- mentation de la taille des artères coronaires). Cela favorise la forma- tion de caillots sanguins. Dans un cas sur 1 000 environ, ces compli- cations entraînent la mort. L'origine de cette maladie est une énigme. On n'a trouvé à ce jour aucun virus, aucune bactérie, aucun pathogène qui provoque l'inflammation des tissus. L'hypothèse privilégiée est un emballement du système immu- nitaire suite à une infection (rhume, grippe) passée plus ou moins inaperçue dans les semaines précédentes. Un des éléments diagnostic est effectivement la présence de molécules de l'inflam- ••• © ISTOCKPHOTO “La maladie s'apparente à une artérite, c'est-à-dire une inflammation des vaisseaux sanguins. Elle peut toucher les artères qui irriguent le muscle du cœur,”
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