ANFORM GUYANE N86

12 anform ! • septembre - octobre 2019 déterminé le profil d'une tumeur, les médecins peuvent choisir le meilleur cocktail thérapeutique, et l'adapter à l'évolution du cancer.De nouveaux traitements sont également en train de voir le jour. TATOUER LA POITRINE En 2018, l'équipe de Steven Rosen- berg à l'Institut américain du cancer à Bethesda (NIH), annonce qu'une Américaine de 52 ans, Judy Perkins, atteinte d’un cancer du sein métas- tatique en phase terminale, est en rémission depuis 2 ans. Elle fait partie d'un essai clinique d'immu- nothérapie cellulaire personnalisée. Des cellules immunitaires lui ont été prélevées. Il s'agit de lymphocytes T, connus pour lutter contre les cellules tumorales. Après avoir été sélection- nées et multipliées en laboratoire, ces cellules lui ont été réinjectées. Presque 2 ans après cette injection, toutes les lésions cancéreuses (qui mesuraient entre 2 et 7 cm) ont disparu. En attendant que ces nou- velles thérapies intègrent l'arsenal thérapeutique, des associations se battent sur le terrain pour soutenir les femmes malades. Nathalie Chillan, au sein de l’association Ma tété , milite pour qu'elles se ménagent des moments de plaisir et que la société ne les stigmatise pas. “J'ai été dia- gnostiquée avec un cancer du sein en 2013, raconte-t-elle. J'ai été la première en Martinique à parler de la maladie, à poser en photo.” Elle organise des événements, des sorties, pour que ces femmes, souvent recluses, aient l'occasion de sortir, de se faire belles, de renouer avec la société. Depuis, d'autres associations de ce type ont vu le jour en Martinique : “Je pense qu'on voit plus de femmes qui assument, qui ••• © ISTOCKPHOTO Tep Scan : technologie de haute précision Avec une quinzaine d'années de retard sur la plupart des régions françaises, la Guadeloupe s'est dotée en juin 2018 d'un double équipement cyclotron/Tep Scan. Le premier sert à produire des marqueurs radioactifs qui sont injectés chez le patient avant de passer devant la caméra Tep Scan. Celle-ci enregistre les clichés de l'intérieur du corps sur lesquels apparaissent de nombreux détails, dont des tumeurs naissantes. Le Centre d'imagerie moléculaire de la Guadeloupe (Cimgua) est implanté dans la Zac de Dothémare, aux Abymes. Il devrait être suivi d'un équipement semblable en Martinique en 2020. “C'est une avancée considérable, se réjouit Lyonel Belya, chef du service de médecine nucléaire du CHU de Pointe-à-Pitre. Il permet de voir précisément la tumeur et déterminer si la maladie a commencé à se propager, notamment dans les ganglions axillaires. On fait aussi un bilan complet de tous les organes pour détecter des métastases. C'est important pour déterminer comment prendre en charge la maladie, et anticiper une éventuelle récidive.” Selon le médecin, l'équipement guadeloupéen a déjà sauvé de nombreuses vies. en parlent” , se réjouit la militante. Elle-même est allée jusqu'au bout de cette démarche. En 2017, après une chirurgie reconstructrice, elle se fait tatouer la poitrine. “C'est comme cela que j'ai repris possession de mon corps.” Une pratique de plus en plus en vogue, qu'utilisent même celles qui ont choisi de ne pas se faire reconstruire la poitrine. Une manière d'affirmer son amour de la vie et sa dignité de femme.

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