ANFORM GUYANE N81

novembre - décembre 2018 • anform ! 81 “Q uand on t r o m p e quelqu’un, e xplique la psychologue, quelles qu’en soient les raisons, ce n’est jamais seule- ment l’autre qu’on trompe, c’est avant tout soi-même. ” Certes, on peut ne plus être en phase avec sa situation affective, avoir besoin de trouver quelque chose ailleurs qu’on a l’impression de ne plus trouver dans son couple, mais c’est toujours en lien avec soi. Pas avec l’autre. “On peut toujours dire : “Je n’ai plus d’attention de sa part. Il ne me voit même plus”, mais même ce comportement-là est une réponse à mon positionnement à moi.” Il faut donc se poser les vraies questions, faire face aux enjeux réels. Est-ce vraiment une parenthèse qui me permet d’évoluer et d’apprendre des choses sur moi et me reposition- ner dans mon couple ? Ou est-ce que cela signifie que mon couple est définitivement mort et que je dois passer à autre chose ? C’est une occasion d’apprendre. Pour moi : apprendre quels sont mes besoins, quels sont ceux de l’autre, comment je fonctionne, quels sont mes ressorts intimes, quel mal-être je pense combler en trompant mon partenaire, quelle est ma relation à la sexualité ? Mais aussi pour l’autre : encore faut-il pour cela que je lui avoue mon aventure… IMPUISSANCE “La tromperie pour une femme, explique Catherine Maquere, est généralement l’occasion de se prouver qu’elle est toujours capable de séduire. “J’ai l’impression que mon mari se désintéresse de moi et je vais voir si mon pouvoir de séduc- tion est intact.” Pour les hommes, la tromperie est plutôt liée à la ques- tion : “Est-ce que je suis vraiment un homme ?” ” L’homme se sent dans une forme d’impuissance. Ça peut être lié au stress du travail, à la présence d’un père écrasant... C’est donc dans la sexualité qu’il trouve le moyen de se prouver son état “d’homme”. On trompe aussi parce que la sexualité demeure un tabou dans le couple. “En effet, très peu de couples parlent de leur sexualité. Certains essaient donc d’expérimenter ailleurs des pra- tiques sexuelles qu’ils imaginent ne pas pouvoir demander à leur conjoint. Il y a un poids de la religion et de la culture tel que la femme avec qui je vis, avec qui j’ai des enfants, est différente de la femme libre que je vais rencon- trer à l’occasion d’une aventure. La recherche de plaisir qui est un ressort émotionnel et pulsionnel fort, peut conduire hommes ou femmes vers quelqu’un d’autre. Une personne avec qui dans mon imaginaire ces choses sont per- mises.” DIALOGUE Avouer l’aventure permet d’enga- ger un dialogue, dont le but sera de faire tomber les tabous, afin que chacun puisse exprimer ses besoins et ses attentes, y compris sexuels… C’est le non-dialogue, ne pas oser dire à l’autre ce qu’on ressent, ce dont on a besoin qui entraîne les aventures. Mais parler, cela paraît risqué ! Et déjà par crainte de blesser l’autre. Pour- tant, on ne peut mentir, même par omission sans que cela laisse des traces. “Il n’est jamais sain d’avoir des secrets dans un couple, dans une famille, car tôt ou tard, la vérité apparaît. Mais aussi parce ••• © ISTOCKPHOTO

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