ANFORM GUYANE N81

54 anform ! • novembre - décembre 2018 Coup de semence Au cours des der- nières décennies, la quantité et la qualité des sperma- tozoïdes auraient fortement chuté. En cause ? Les perturbateurs endo- criniens que sont les pesticides et les plastifiants, surtout en cas d'exposition in utero . PAR LUCIE DANIEL Nos spermatozoïdes vont mal ! © ISCTOK N otre espèce serait- elle menacée ? Pas d'inquiétude, nous sommes encore loin de l'extinction. Reste que ces dernières décennies, de nombreuses études ont montré une diminution de la qualité et de la quantité des spermatozoïdes. Concrètement, que regarde-t-on pour apprécier la qualité des cellules repro- ductrices mâles ? Les critères sont précisés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Il s'agit du nombre de spermatozoïdes présents dans un volume de sperme donné, mais aussi le pourcentage de spermatozoïdes viables et mobiles, le volume du sperme (éjacu- lat), la recherche de formes anormales ou encore le nombre de cellules immu- nitaires. MOINS NOMBREUX Les recherches sur le nombre de sper- matozoïdes présents dans l'éjaculat masculin ne datent pas d'hier ! En effet, elles commencent dès les années 1930-1940. Mais il faut attendre 1992 pour que les résultats d'une étude danoise jettent un pavé dans la marre. Ces travaux affirment que la concentra- Ma sante tion de spermatozoïdes a diminué de 50%en50ans. Dès lors, les recherches sur le sujet se multiplient dans les labo- ratoires. En France, deux chercheurs spécialistes de la santé reproductive et fondateurs du Cécos (Centre d’étude et de conservation des œufs et du sperme), décident alors d'analyser les éjaculats de 1 750 donneurs de sperme. Les résultats sont sans appel : en 20 ans, la quantité de spermatozoïdes a dégringolé. Alors que dans les années 1970, la concentration spermatique est de l'ordre de 102millions de spermato- zoïdes par millilitre de sperme chez les donneurs (nés dans les années 1940), elle n'est plus que de 51 millions par millilitre dans les années 1990 (pour des donneurs nés cette fois dans les années 1960). Conclusion de l'étude, la densité spermatique baisse de 1 à 2% par an. Puis, dans les années 2000, une épidémiologiste américaine entreprend une méta-analyse (analyse de l'en- semble des publications scientifiques parues sur le sujet). Celle-ci confirme une baisse moyenne de la densité sper- matique de 1,5%par an aux États-Unis, de 3 % par an en Europe et en Australie pour la période allant des années 1930

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