ANFORM GUYANE N80

56 anform ! • septembre - octobre 2018 en plaisantant simplement avec lui. Les enfants reproduisent beau- coup ce que leurs parents font. En l’occurrence, l’humour fait du bien à l’esprit. Humour et intelligence ont-ils un lien ? La création d’humour est une variante du raisonnement qui commence avec le fait de com- prendre une situation. C’est un signe précoce de construction psychologique. La communication en est une illustration. “Avec le langage apparaît déjà une forme d’humour. Un des premiers signes de communication est le sourire. Le bébé réagit à l’expression du visage àtravers des jeuxde faciès” , intervient Désiré Framée, psycho- logue clinicien et psychanalyste. L’humour serait lié à l’intelligence verbale. En d’autres termes, il s’agit “de la capacité àse servir des mots pour interagir avec les autres, en faisant dire aux mots autre chose que ce qu’ils signifient”. Il y a de la jouissance pour l’enfant dans le fait de pouvoir pratiquer un langage et recevoir un sourire en réponse. Un peu plus tard, dans son dévelop- pement, l’enfant peut aussi mettre l’humour au service d’objectifs relationnels. “ Celui qui com- munique veut vouloir séduire, se défendre, dominer, attirer l’attention” , ajoute Désiré Framée. En outre, faire une blague ou une plaisanterie attend un résultat immédiat. L’incongruité est amenée en un flash qui crée l’effet de surprise et déclenche le rire immédiat ou witz (Freud). Cela témoigne d’une rapidité d’esprit. La plaisanterie découle “d’une imagination brève et spontanée, d’une vivacité et d’une finesse d’esprit à partir d’une observa- tion de l’environnement” , poursuit Désiré Framée. ••• Quels sont les différents types d’humour ? L’enfant produit de l’humour quelle que soit sa culture. L’élaboration d’une œuvre humoristique diffère au cours du développement. Et pour cela, il faut nécessairement de l’interaction sociale. Les enfants peuvent utiliser le mimétisme, l’analogie, la symbolique pure… ils aiment détourner l’utilisation des objets. “L’humour scatologique amuse beaucoup les enfants. Les tout petits écoliers se jouent des premiers interdits liés àla propreté àl’école en prononçant des “gros- mots” comme “pipi ou caca”. Il y a de la jouissance dans la trans- gression de la règle”, explique le psychologue. D’autres enfants pourraient même élaborer des solutions pour supporter le monde, seraient capables d’humour noir. Selon Paul McGhee, les différents types d’humour sont “les incon- gruités de formes (caricatures), les juxtapositions incongrues (appeler intentionnellement un objet de façon inappropriée), les incongrui- tés de concepts (vélo avec des roues carrées) puis le sens ambigu de mots (blagues Carambar). Freud y ajoute le comique naïf (jeux sur les sons), le comique d’imitation (matérialité d’une métaphore), le comique d’attente (qui se rap- proche du non-sens, basé sur des fautes de raisonnement)”.

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