ANFORM GUYANE N80
septembre - octobre 2018 • anform ! 53 proposés, difficile de faire un choix. Quelle taille ? Avec attaches ou sans attaches ?” Tout dépend du sexe de la personne, de son type d’incontinence, de son importance et de son degré d’autonomie, allant de la simple garniture au change complet en passant par le slip absorbant. Le port de ces couches peut parfois s’imposer beaucoup plus tôt que prévu. Une expérience que vit Sylvie depuis 2 ans alors qu’elle n’est âgée que de 60 ans. Malade depuis plusieurs années, elle s’est fait une raison. “On m’a expliqué que ça serait pratique. Tu mets ta couche et tu peux aller te balader. Tu vas où tu veux.” Mais ça, c’est en théorie. Car dans la pratique, l’utilisation de couches peut être source de stress. “Si j’ai fait un pipi, ça va. Deuxpipi, ça va encore, mais je ne peuxpas sortir si j’ai une troisième envie.” Et quand il faut se changer hors de la maison ça peut être très compliqué, explique Sylvie qui a besoin d’aide pour cette opé- ration. Pour cela, elle peut compter sur son mari, un soutien indéfec- tible depuis 40 ans. “J’ai la chance d’avoir un mari extraordinaire. Il rouspète mais il est toujours là. Il y en a d’autres qui se seraient sauvés.” L’acceptation n’est pas toujours aussi évidente pour cer- taines personnes, confie Rosy Fagour, infirmière libérale. “J’ai une patiente de 92 ans qui vit seule et qui a du mal àse déplacer. Le matin quand j’arrive, il y a de l’urine dans le lit ou au sol. Elle a tenté d’aller aux toilettes mais n’en a pas eu le temps. J’essaie de la convaincre de mettre une protection (elle utilise le terme protection plutôt que couche pour ne pas la heurter, ndlr). Rien à faire, elle ne veut pas ! Ça fait 1 an que ça dure. Elle me dit qu’elle n’est pas un bébé, qu’elle peut se débrouiller toute seule. Récemment, une de ses proches a réussi à la convaincre de mettre une couche au moins le soir. Quand on la douche le matin on parvient aussi à lui en mettre une. Quand ils n’ont pas envie, c’est une bagarre !” Difficile à accepter, la couche est souvent associée à une image infantilisante ou sénile, une perte de virilité ou de féminité. La personne a l’impression de perdre le contrôle d’elle-même. BUDGET Autre paramètre non négligeable, le coût. Le mari de Sylvie débourse près de 100 euros par mois. Un budget colossal pour les foyers et les malades les plus démunis. Ces articles sont disponibles dans la grande distribution, les magasins de matériel médical et les pharmacies. Pour Gladys Gendrey, pharmacienne adjointe, le remboursement de ces dépenses par la Sécurité sociale pourrait soulager les portefeuilles. “Évidemment cela serait bienvenu pour les patients et justifié en cas de handicap, maladie ou en post-opé- ratoire. Pour l’incontinence liée au vieillissement, cela ne relève pas for- cément de l’Assurancemaladie, mais on pourrait imaginer une solution privée ou publique de prévoyance de la dépendance liée à l’âge.” Il existe toutefois une aide, l’Allocation personnalisée d’autonomie (APA), versée par les services sociaux qui peut couvrir ces frais. © ISCTOK LE SAVIEZ- VOUS ? En France, l'incontinence urinaire touche 3 à 4 millions de personnes.
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy MTE3NjQw